Les femmes algériennes, des galons de combat
- cfda47
- il y a 6 jours
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A l’occasion de la célébration de la fête de l’indépendance, le chef de l’Etat a décoré et mis des galons à de nombreuses femmes, promues Générales ou à d’autres grades de l’armée. Belles dans leur uniforme, dignes dans leur comportement, ces femmes rappellent, pour l’occasion, leurs ainées qui avaient défié la colonisation.
Sans le voile, ces femmes dont la présence dans l’armée est de plus en poignante, sont un rempart contre l’intégrisme, contre la femme réduite au rôle de femme au foyer, à la seule fonction de génitrice sans un autre rôle dans la société et les institutions de l’Etat. Elles démontrent qu’une femme n’est pas qu’une enseignante, une avocate ou une infirmière comme tentent de la présenter les esprits fermés, misogynes devant l’éternité. Ces femmes, comme toutes les autres citoyennes, ne sont pas des « moitiés » de l’Homme ; elles sont des femmes à part entière ; elles ne sont pas « des cerveaux incomplets » mais des consciences intégrales ; elles ne sont « des voix de la honte » mais des voix dignes qui montrent la voie.
La consécration de ces femmes est venue à point nommé pour mettre fin à des idées rétrogrades qui prennent de plus en plus de la place dans la société qui fait de la femme un être mineur, qui veut remettre en cause les maigres acquis arrachés dans le Code de la famille et intimider les femmes qui veulent vivre leur temps, dans la modernité. Une mentalité qui fait son chemin en poussant de plus en plus de femmes à se voiler et à accepter la soumission aux hommes, à la société qui les fait culpabiliser pour n’importe quel échec, vrai ou supposé, de la nation, ou parfois à cause d’une calamité naturelle. Ce discours, porté sur les chaînes de télévision et dans les mosquées, rappelle la triste période du début des années 1990 lorsque les fous du Dieu avaient commencé leur œuvre obscurantiste en s’attaquant d’abord aux femmes, à leurs habits, à leur manière de vivre.
Pourtant, ces militaires d’aujourd’hui n’ont fait que perpétuer l’œuvre de leurs ainées ; elles rappellent Djamila Bouhired esquissant un sourire de mépris face à un juge colonial qui lui annonçait une condamnation à mort, Djamila Boupacha et Louiza Ighilahriz résistant à la torture et au viol des soldats de l’armée coloniale, Zohra Drif se faufilant parmi les Européens pour poser sa bombe ou encore Hassiba Benbouali se barricadant avec Ali La pointe et leurs compagnons d’armes dans leur cache de la Casbah d’Alger avant de tomber en martyre.
Mais ces images d’officières décorées par les hautes autorités du pays ne suffisent à redonner aux femmes leur place naturelle dans l’Algérie d’aujourd’hui que si tout le monde s’implique dans le combat : les femmes, d’abord, puis toute la société mais avec une implication impérative de l’Etat.
E. Wakli
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