Ce 18 décembre 2024, plusieurs organisations nord-africaines et internationales ont publié une déclaration commune à l'occasion de la Journée internationale des migrants, mettant en lumière les défis cruciaux auxquels font face les populations migrantes dans la région.
Cette commémoration s'inscrit dans un contexte historique précis : le 18 décembre 1990, l'ONU adoptait la Convention internationale sur la protection des droits des travailleurs migrants. Près de trois décennies plus tard, la déclaration souligne “l'urgence de repenser les politiques migratoires actuelles”.
Parmi les organisations signataires, on retrouve le CS-LADDH, la Fondation pour la promotion des droits et Ibtikar, qui dressent un tableau sombre de la réalité migratoire. “Les migrants quittent, souvent dans la contrainte, leur pays d'origine par voie terrestre ou maritime en raison des conflits, des violences, de l'instabilité politique et économique, ou encore à cause des répercussions toujours plus dévastatrices du changement climatique”, constatent-ils.
Pour mesurer l'ampleur du phénomène, les chiffres sont éloquents et dramatiques. Entre 2014 et 2022, plus de 20 000 personnes ont été déclarées disparues ou décédées en Méditerranée, avec près de 3 041 décès rien qu'en 2023. Ces statistiques traduisent non seulement une crise humanitaire, mais aussi la nécessité impérieuse “de préserver la dignité des migrantes/migrants en toute circonstance”.
Face à cette situation critique, la déclaration formule sept demandes précises aux autorités. L'objectif est de “renoncer à l'approche du tout sécuritaire” et de “mettre en place des politiques qui respectent les droits fondamentaux”. Les propositions incluent “la fin des expulsions collectives, l'adoption d'une loi nationale d'asile” et “la cessation de criminaliser l'activité des défenseurs des droits des migrants”.
Pour illustrer la réalité de ces enjeux, les signataires mentionnent un événement récent survenu fin novembre 2024. Des travailleurs migrants du secteur du bâtiment ont manifesté contre des arriérés de salaire, “une contestation violemment réprimée par les forces de l'ordre, suivie par des expulsions collectives des travailleurs migrants contestataires”.
La géographie migratoire se transforme également. L'Algérie, traditionnellement considérée comme un pays de transit, “devient des pays de destination et de départ pour leur propre migration”. Cette mutation reflète la complexité croissante des dynamiques migratoires contemporaines.
Enfin, cette déclaration commune, signée par quinze organisations dont plusieurs libyennes et algériennes, rappelle que “préserver la dignité des migrants” n'est pas une option, mais un impératif moral et juridique qui engage la responsabilité de tous.
Sophie K.
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Liste des signataires :
- Le CS-LADDH
- La Fondation pour la promotion des droits
- Ibtikar
- Riposte Internationale
- Tharwa Fadhma N’soumer
- Association Shoaa
- Réseau Les voix de l’information
- Fondation Mon Pays pour les droits humains
- Association Justice pour tous
- Centre Libyen pour la liberté de la presse
- Organisation Défenseurs sans restrictions
- Organisation Libyenne pour des medias libres
- Alliance Transméditerranéenne des femmes algériennes
- Justicia Center
- Organisation Libyenne d’Aide Juridique
- Liberté Algérie
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