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Loi 25-01 sur le handicap: un cadre ambitieux, mais quelle réalité sur le terrain ?


À l’occasion de la Journée nationale des personnes handicapées, le Forum d’El Moudjahid a réuni hier plusieurs représentants d’associations engagées dans la défense des droits des personnes en situation de handicap, atteintes de maladies chroniques et rares. Parmi eux, Mme Farah Acid, présidente de la Fondation Elias pour l’Autisme, et M. Akli Aknine ont partagé leurs analyses sur l’évolution du cadre législatif et les défis persistants pour une inclusion effective.


L’adoption récente de la loi 25-01 marque une avancée majeure pour les droits des personnes en situation de handicap en Algérie. Cette loi, en adéquation avec les normes internationales, redéfinit le handicap en tenant compte des interactions entre les limitations individuelles et les obstacles environnementaux. Elle introduit plusieurs mesures clés, notamment :


• L’obligation de scolarisation des enfants en situation de handicap dans tous les établissements éducatifs (articles 4 et 20).


• La création d’écoles spécialisées privées pour offrir un accompagnement adapté (article 24).


• L’imposition d’un quota d’embauche de 1 % pour les personnes en situation de handicap dans les entreprises (article 26).


• Le développement du travail protégé, avec des établissements spécialisés et des centres de travail à domicile (article 31).


Ces dispositions visent à renforcer l’accès à l’éducation, à l’emploi et à une meilleure prise en charge des besoins spécifiques des personnes handicapées.


Si ces avancées sont saluées par les associations, leur mise en œuvre reste un défi majeur. « Il est important d’assurer un suivi rigoureux pour éviter que ces lois ne restent lettre morte », a averti Mme Acid. L’un des principaux enjeux soulevés lors du forum concerne l’approche multisectorielle du handicap en Algérie. Actuellement, la prise en charge des personnes handicapées est principalement rattachée au ministère de la Solidarité, alors que d’autres secteurs, comme l’Éducation, la Santé, l’Emploi et les Transports, devraient jouer un rôle plus actif.


« Pourquoi une personne en situation de handicap devrait-elle dépendre uniquement du ministère de la Solidarité pour l’éducation, la santé et l’emploi ? », s’est interrogée Mme Acid. Pour elle, une coordination plus efficace entre les différents ministères permettrait d’assurer une meilleure intégration sociale et professionnelle des personnes handicapées.


L’accès à l’emploi reste un problème central pour les personnes en situation de handicap en Algérie. Malgré l’obligation légale pour les employeurs de réserver 1 % des postes aux travailleurs handicapés, les petites et moyennes entreprises (PME) sont souvent exclues de cette réglementation. Cette situation limite considérablement les opportunités d’emploi pour les personnes concernées.


Un autre point préoccupant soulevé lors du forum est l’absence de structures de travail protégé respectant les standards internationaux. Dans certains pays, ces établissements ont dérivé vers des formes d’exploitation où les travailleurs handicapés perçoivent des rémunérations bien inférieures au salaire minimum, un risque que les associations veulent éviter en Algérie.


Pour les acteurs associatifs présents, il ne suffit pas d’adopter des lois : il faut les appliquer concrètement. « Notre engagement ne doit pas faiblir. Ce n’est qu’en garantissant des droits effectifs et en dépassant une approche purement sociale du handicap que nous pourrons construire une société véritablement inclusive », a conclu Mme Acid.


Alors que la Journée nationale des personnes handicapées sera officiellement célébrée le 14 mars, ce forum a permis de mettre en lumière les efforts nécessaires pour transformer les avancées législatives en réalités tangibles. L’enjeu principal reste la mise en œuvre effective des droits reconnus, afin que l’inclusion ne soit plus un idéal, mais une réalité pour tous en Algérie.





Nadia B

 
 

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