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Manifestations pro-palestiniennes : une vitrine politique pour un pouvoir en quête de légitimité

Ce jeudi, de grandes manifestations de soutien à la Palestine sont prévues dans toutes les villes d'Algérie, à l'appel de formations politiques majoritairement favorables au pouvoir. Si l'adhésion populaire à ces rassemblements est indéniable, certains y voient paradoxalement la preuve de l'impuissance du régime sur ce dossier.


Dans une tribune virulente largement reprise, le journaliste Hamdi Baali fustige l' imposture d'un pouvoir autocrate qui étouffe toute contestation mais en appelle soudainement lui-même à manifester. Selon lui, un exécutif qui doit mobiliser la rue pour une cause phare de son discours admet par là-même son incapacité criante à peser concrètement sur le dossier.


«Un pouvoir qui appelle à manifester dit qu'il est impuissant et qu'il ne peut faire rien d'autre. Il se substitue à la société civile qu'il étouffe », écrit le journaliste.


Le régime tenterait ainsi désespérément de masquer ses échecs en orchestrant une mobilisation qu'il devrait laisser à la société civile et à l'opposition. «C'est la société civile, l'opposition à la limite, qui est censée manifester pour exiger de l'action de la part de l'exécutif, voire du législatif », poursuit le journaliste. 


Pire, ce dernier rappelle que le pouvoir algérien ne convoque même pas les ambassadeurs des pays soutenant Israël, se contentant de communiqués incantatoires. « Il (le pouvoir) met le pays dans la honteuse posture de ne projeter aucune influence sur une cause qu'il érige en principe. Or, il a la prérogative d'encore faire des choses autres que des communiqués désespérants. Ne serait-ce que pour le symbole. Il peut convoquer les ambassadeurs des pays qui appuient la barbarie. Voire leur signifier de quitter le pays. Il l'a fait pour beaucoup, beaucoup moins que du soutien génocidaire », déplore Hamdi Baali.


Enfin, il met en évidence le contraste entre la répression brutale de toute opposition et cette soudaine mobilisation orchestrée depuis les hautes sphères du pouvoir, tout en soulignant que « des manifestations populaires ont été interdites le vendredi précédent.»


Des motivations électoralistes évidentes pour certains partis


Derrière ce soutien vocal à la Palestine, se cachent en réalité des agendas politiciens beaucoup plus prosaïques, dénoncent de nombreuses voix.


Pour les partis avides de capitaliser sur ces mobilisations, l'enjeu n'est clairement pas d'influer sur le conflit israélo-palestinien. Ces formations, dont certaines sont soupçonnées de collusion avec le pouvoir, cherchent avant tout à exister sur la scène publique et à mobiliser leurs troupes en vue d'échéances électorales décisives.


Concrètement, ces manifestations sont l'occasion rêvée pour eux d'envahir les rues et d'afficher leur capacité à rassembler militants et sympathisants. L'objectif principal est de marquer les esprits de leur électorat, de galvaniser les indécis en véhiculant une image de parti dynamique et proche des préoccupations populaires.


Bref, derrière les discours enflammés se dessinent des calculs électoraux froids. Une récupération démagogique du conflit israélo-palestinien qui ulcère ceux pour qui la défense de la Palestine relève avant tout de l'engagement humaniste.


Sophie K. 


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