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Maroc: Amnesty International dénonce la persistance de violations des droits humains

  • cfda47
  • 30 avr.
  • 3 min de lecture

Un tableau préoccupant des libertés fondamentales au Maroc et au Sahara occidental ressort du dernier rapport d'Amnesty International. En dépit d'une grâce présidentielle ayant permis la libération de milliers de prisonniers en 2024, l'organisation internationale pointe du doigt de nombreuses atteintes aux droits humains sur le territoire marocain.


Selon le rapport, “les autorités ont continué à réprimer la dissidence et à prendre pour cible des journalistes, des militants, et des personnes qui critiquaient le régime en engageant des poursuites judiciaires à leur encontre et à les placer sous surveillance, en dépit d'une grâce présidentielle concernant des milliers de prisonniers et prisonnières.”


Parmi les libérations notables suite à cette grâce, Amnesty cite “les journalistes Omar Radi, Taoufik Bouachrine et Suleiman Raissouni, ainsi que le youtubeur Mohamed Réda Taoujni.” L'organisation relève toutefois qu'après sa libération, “Suleiman Raissouni est devenu la cible de campagnes de diffamation.”


Le rapport souligne que “des journalistes, des militant·e·s et des personnes qui critiquaient le régime ont fait l'objet de poursuites judiciaires, d'une surveillance numérique et de campagnes de diffamation orchestrées par des médias favorables à l'État”. En outre, “plusieurs ont été emprisonnés pour avoir critiqué la monarchie ou publié ce que les autorités qualifiaient de fausses nouvelles.”


Un cas emblématique cité dans le rapport concerne le journaliste Hamid El Mahdaoui, directeur du site internet Badil, qui a été “condamné à 18 mois d'emprisonnement et à une amende” par le tribunal de première instance de Rabat en novembre, après avoir été déclaré “coupable de diffusion de fausses allégations et de diffamation”, suite à une plainte du ministre de la Justice.


Situation particulière au Sahara occidental

Le rapport d'Amnesty met en lumière des restrictions spécifiques au Sahara occidental où “la dissidence et les droits à la liberté d'association et de réunion pacifique restaient soumis à des restrictions.”


Parmi les incidents documentés, l'organisation rapporte qu' “en janvier, la police a dispersé violemment des militantes sahraouies qui manifestaient pacifiquement à Laayoune ; certaines des protestataires ont été rouées de coups”. De même, “en février, la police a empêché la tenue d'une conférence de presse sur la situation des droits fondamentaux au Sahara occidental organisée par le Collectif des défenseurs sahraouis des droits humains (CODESA).”


Un autre incident grave mentionné concerne la destruction, en avril, des “habitations de 12 familles sahraouies dans la ville d'Al Jitir, au nord de Smara” par l'armée et la gendarmerie marocaines à coups de bulldozer. Si “les autorités marocaines ont affirmé lutter ainsi contre les constructions irrégulières”, Amnesty souligne que “ces logements ont été démolis sans préavis suffisant ni proposition de relogement, ce qui constituait une expulsion forcée.”


Droits des femmes et des personnes LGBTI toujours en souffrance

Le rapport n'épargne pas non plus la situation des droits des femmes au Maroc. D'après Amnesty International, “la législation interne continuait de conforter les inégalités de genre, notamment en matière d'héritage et de garde des enfants.”


L'organisation dénonce également le fait que “les autorités ont manqué à leur obligation de garantir des services de santé sexuelle et reproductive accessibles, abordables et de bonne qualité, notamment des services d'avortement, exposant ainsi les femmes et les filles à des situations dangereuses et bafouant leurs droits humains”. Le rapport souligne que “la pénalisation de l'avortement, acte passible de peines d'emprisonnement même en cas de viol, avait toujours des conséquences désastreuses pour les femmes et les filles.”


Concernant les droits des personnes LGBTI, Amnesty rappelle que “l'article 489 du Code pénal érigeait toujours en infraction les relations sexuelles consenties entre personnes de même sexe, qui étaient passibles d'une peine d'emprisonnement pouvant aller jusqu'à trois ans et d'une amende.”


Selon l'organisation Akaliyat, citée dans le rapport, ces personnes “continuaient à faire l'objet d'arrestations arbitraires, de poursuites judiciaires, de mauvais traitements en détention, de crimes de haine et d'autres discriminations, et la plupart d'entre elles ne se sentaient pas suffisamment en sécurité pour signaler ces actes.”


Impunité et enjeux socio-économiques

Le rapport d'Amnesty aborde également la question de l'impunité, particulièrement en ce qui concerne les événements tragiques de Melilla en juin 2022, où "au moins 37 personnes sont mortes et 77 autres ont disparu" lors d'une opération des forces de sécurité marocaines et espagnoles contre un groupe de migrants tentant de franchir la frontière. Selon l'organisation, “les autorités n'ont pas mené d'enquête transparente et efficace” sur ces faits.


Sur le plan économique, Amnesty relève qu'une “étude publiée en juin par le Haut-Commissariat au plan, institution statistique gouvernementale, a établi que le niveau de vie avait baissé de 3,1% entre 2019 et 2022”, entraînant “une hausse du taux de pauvreté absolu, imputable en particulier au COVID-19 et à plusieurs années de sécheresse”. Le rapport note que “les 10% les plus pauvres de la population consacraient 50% de leurs revenus à l'alimentation.”


Face à ce tableau, Amnesty International appelle les autorités marocaines à respecter leurs engagements internationaux en matière de droits humains et à mettre fin aux pratiques restrictives des libertés fondamentales.

 

La Rédaction

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