Tels des oiseaux migrateurs, ils émergent des terres brûlées du Sahel, ces voyageurs de l’incertain qui viennent, du Burkina Faso, Cameroun, Gambie, Guinée, Mali, Mauritanie, Niger, Nigéria, Sénégal et le Tchad, des pays qui les ont vus naître, portés, façonnés puis abandonnés.
Jeunes, pour la plupart, ces hommes, ces femmes, ces enfants, ils se lancent dans l’odyssée du désert, bravant les étendues arides du Sahara. Entre leur point de départ et la Méditerranée, s’étirent des distances vertigineuses, des chemins tortueux de 3 700 à 5 100 kilomètres.
Leur rêve, leur quête commune, c’est de quitter l’Afrique, de toucher du doigt les terres promises, les « pays dorées » de l’Europe.
Le Sahara, ce vaste désert si exotique et si beau, se métamorphose en un abîme de mort pour ceux qui osent le traverser. Bien plus que la chaleur implacable et la soif dévorante, c’est une litanie d’embûches et de pièges mortels qui attend les réfugiés et les migrants.
Parmi ces épreuves, la torture, la violence physique, la détention arbitraire, la mort, les enlèvements contre rançon, l’exploitation sexuelle, la réduction en esclavage, la traite des êtres humains, le travail forcé, le prélèvement d’organes, le vol, les expulsions collectives et le refoulement, selon un nouveau rapport publié le 5 juillet 2024 par le Haut-Commissariat des Nations Unies pour les réfugiés (HCR), l’Organisation internationale pour les migrations (OIM) et le Centre mixte pour les migrations (CMM).
Le sable brûlant cache bien des horreurs, et chaque pas dans cette étendue aride peut sceller le destin de ceux qui cherchent un avenir meilleur. « Au cours de ce voyage, personne ne se soucie de savoir si vous vivez ou si vous mourez» témoignent des migrants.
Le rapport estime que le Sahara engloutit plus d’âmes que la mer Méditerranée:
Comme il révèle que le nombre de décès dans le désert est deux fois supérieur à celui en mer, bien que les dangers qui les guettent soient moins documentés et médiatisés. Entre janvier 2020 et mai 2024, 1 180 personnes ont péri en traversant le Sahara, mais ce chiffre pourrait être bien plus élevé.
Pendant cette même période, environ 7 115 individus ont perdu la vie ou ont disparu en mer Méditerranée. Parmi les décès recensés sur les itinéraires terrestres, 42 % sont dus à des accidents de la route, 24 % aux conditions extrêmes (soleil brûlant, déshydratation et famine), et 12 % à des actes de violence.
Le rapport des organisations de l’ONU souligne que malgré les engagements pris par la communauté internationale pour sauver des vies et remédier aux vulnérabilités, l’action actuelle reste insuffisante.
Les organisations appellent à des réponses concrètes en matière de protection, basées sur les itinéraires, afin de préserver des vies et de réduire les souffrances.
Elles encouragent également des efforts pour s’attaquer aux causes profondes des déplacements, allant de la consolidation de la paix au respect des droits de l’homme, en passant par la gouvernance, le changement climatique et la cohésion sociale.
Yacine M
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