Cette plainte a été déposée vendredi auprès du parquet de Boulogne-sur-Mer pour des faits remontant au 14 décembre 2022. Ce jour-là, au moins quatre migrants avaient trouvé la mort lors d'une tentative de traversée de la Manche. Un naufrage meurtrier que l'association Utopia 56 pointe du doigt pour le manque de réactivité des secours, malgré une alerte lancée par l'association elle-même et les signaux de détresse envoyés par les naufragés.
Il y a maintenant plus d'un an, 43 migrants avaient été secourus par des garde-côtes britanniques alors qu'ils se trouvaient en grande difficulté, au large du Kent. Malgré les moyens de sauvetage déployés, notamment du côté anglais (seul un patrouilleur de la marine nationale avait été dépêché par les secours français), quatre personnes sont décédées lors du naufrage et au moins cinq autres ont été portées disparus.
"On sait qu'il y a des disparus, mais personne n'a communiqué sur leur nombre exact ni sur leur identité. On ne connaît pas non plus l'identité des personnes décédées, c'est inadmissible deux ans après les faits", fustige Amélie Mayart, coordinatrice d'Utopia 56 Grande-Synthe. Avec ce dépôt de plainte, Utopia 56 cherche notamment à comprendre pourquoi aucun bateau français n'accompagnait l'embarcation, comme il est normalement d'usage.
L'association engagée dans la défense des migrants Utopia 56 a porté plainte contre la préfecture maritime de la Manche et son sous-préfet Marc Véran, contre la préfecture de la Mer du Nord, contre le Cross Gris-Nez et son directeur Olivier Drevon, ainsi que contre Claire Hughes, directrice des secours maritimes anglais, et contre les garde-côtes britanniques pour "homicide involontaire" et "omission de porter secours".
La plainte a été déposée vendredi auprès du parquet de Boulogne-sur-Mer (Pas-de-Calais) pour des faits remontant au 14 décembre 2022. Ce jour-là, une embarcation a fait naufrage. Trente-neuf personnes ont pu être secourues mais au moins quatre sont mortes. Une personne parmi elles a pu être identifiée, précise l'association. "Nous accusons un système avec des manquements, des mises en danger, et des donneurs d'ordre loin de la réalité."
Dans la nuit du 13 au 14 décembre 2022, l'équipe d'astreinte d'Utopia 56 de Grande-Synthe (Nord) explique avoir reçu un message audio sur sa messagerie. Dans ce message, on entend un homme sur une embarcation répéter avoir besoin d'aide, qu'il y a des enfants et des familles et que l'eau est en train de monter.
Le message est géolocalisé dans les eaux françaises. L'association contacte immédiatement la préfecture maritime par téléphone puis les sauveteurs français et britanniques par mail mais le message de détresse "Mayday" pour activer les secours n'est émis qu'une heure plus tard par les garde-côtes britanniques. Un délai jugé tardif sur lequel Nikolaï Posner, porte-parole d'Utopia 56, s'interroge : "Dans une eau à une température de 5°C - ce qui était le cas à cette période de l'année - le temps de survie à l'eau est d'une heure. Vous n'avez pas l'espace pour hésiter à ce moment-là."
Autre point que soulève l'association, le fait que des rescapés de ce naufrage indiquent avoir tenté d'appeler les secours français en vain : "On a l'impression que parfois l'Etat français laisse les bateaux dériver en espérant qu'ils passent la frontière et se retrouvent au Royaume-Uni."
L'association demande désormais "qu'une enquête soit ouverte afin d'apporter vérité et justice sur ce drame".
La rédaction
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