Le Comité de soutien de la Diaspora algérienne vient de publier un communiqué sans concession à l'égard de la justice de son pays dans le traitement judiciaire des incendies meurtriers de l'été 2021 et du lynchage de Djamel Bensmail.
Dans une rhétorique rappelant la célèbre «Lettre au Président de la République» d'Emile Zola en 1898, le communiqué martèle d'emblée : «Nous accusons !». Suit alors une série de griefs à l'encontre des autorités judiciaires algériennes, accusées d'avoir « failli à leur mission d'établir la vérité ».
Le texte pointe du doigt de nombreuses irrégularités et dysfonctionnements dans la gestion de ce dossier par les autorités judiciaires. Il dénonce l'absence d'enquête approfondie sur l'origine des incendies et sur les circonstances du lynchage de Djamel Bensmail. «À ce jour, nous ignorons encore le nombre de victimes, l'importance des dégâts et la réalité de l'existence des rapports d'expertise et de police sur les circonstances de cette catastrophe de l'été 2021», affirment les signataires.
Le texte fustige également les dérives de l'instruction, évoquant «les violations du secret de l'enquête, l'extorsion d'aveux sous la contrainte, l'organisation d'un procès expéditif». Il s'insurge contre des peines «disproportionnées», notamment les condamnations à mort visant des individus dont l'innocence a été démontrée.
D'après le comité, ce traitement judiciaire témoignerait d'une volonté délibérée du pouvoir algérien d'instrumentaliser ces affaires à des fins politiques : réprimer la contestation dans une région frondeuse, stigmatiser l'opposition et masquer les défaillances des autorités.
Le communiqué exprime un soutien appuyé au Collectif des familles de détenus de Larba Nath Irathen, qui lutte pour la libération des prisonniers innocents. Il appelle à ce que la vérité soit enfin établie sur ces évènements dramatiques.
Cette violente diatribe illustre le profond ressentiment d'une frange de la diaspora algérienne à l'égard d'une justice perçue comme inféodée au régime. Elle révèle les fractures et les tensions que ces affaires ont créées au sein de la communauté algérienne à l’étranger.
La défiance manifestée par le comité est un signal préoccupant pour les autorités, dont la crédibilité se trouve sérieusement entachée.
Sophie K.
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