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Poursuites judiciaires en Argentine contre des crimes commis lors de la dictature


Monica Dittmar, la femme du disparu Hernan Abriata, tient une photo de lui alors qu'elle attend le début du procès de l'ancien policier argentin Mario Sandoval, poursuivi pour la disparition en 1976 du jeune homme, le 14 septembre 2022 à Buenos Aires

afp.com/Luis ROBAYO


Buenos Aires - L'ancien policier Mario Sandoval, soupçonné d'avoir participé à des centaines d'enlèvements, tortures et disparitions sous la dictature argentine, s'est clamé victime d'un "procès politique", mercredi à Buenos Aires où il est jugé pour l'une de ces disparitions, 46 ans plus tard, après un long exil en France.


Après 2012, l'Argentine a demandé l'extradition du policier de 66 ans à l’époque, soupçonné de crimes contre l’humanité. Exilé en France en 1983, il a obtenu un certificat de nationalité en 1997.


Après huit ans de bataille judiciaire, des recours en France devant le Conseil d'Etat et le Conseil constitutionnel notamment, Mario Sandoval, 69 ans, avait finalement été extradé en décembre 2019, et placé depuis lors en détention préventive en Argentine. Ancien inspecteur de police fédérale (nationale) à Buenos Aires, il est soupçonné d'avoir été un des agents particulièrement actifs à "l'ESMA", l'Ecole de mécanique de la Marine, dont une aile devint alors le centre de détention et de torture le plus tristement célèbre de la dictature (1976-1983).


Mais Mario Sandoval comparaît pour un seul dossier, pour lequel il a pu être extradé : celui d'Hernan Abriata, étudiant en architecture et militant péroniste de 24 ans, enlevé en octobre 1976, et disparu depuis. La justice argentine dispose d'une dizaine de dépositions.


L’ancien policier est jugé à Buenos Aires pour l’enlèvement d’un étudiant de 24 ans, Hernan Abriata (Photo de couverture) , en 1976, pendant la dictature argentine:


"En 1976, Hernan Abriata est embarqué par Mario Sandoval. Cet étudiant en architecture de 24 ans n'a plus jamais été retrouvé. Comme beaucoup de disparus de la dictature, il a peut-être été jeté vivant dans l’océan Atlantique, du haut d’un avion", déclare sa famille.





"C'est une très longue quête de justice, 46 ans..." a déclaré à l'AFP l'avocate des plaignants, Me Sol Hourcade. "


"La famille a identifié les responsables de l'enlèvement. Nous attendons une condamnation, même s'il n'y a pas de perpétuité pour les crimes reprochés", à savoir séquestration et tortures aggravées par un motif politique. "Il devrait écoper de 25 ans de prison". poursuit l'avocate.


Au procès, Mario Sandoval est arrivé menotté, le visage a demi-couvert d'un masque chirurgical il a dit avoir eu deux fois le Covid-19.


Pendant l’audience, qui s’est tenue à la fois en présentiel et en visioconférence, il s’est présenté comme « Français et Argentin, mais Argentin par obligation ».


Mario Sandoval a été extradé depuis son domicile de Nogent-sur-Marne le 15 décembre 2019 après un marathon judiciaire de presque huit ans, qui s’est conclu par un décret signé en 2018 par le premier ministre de l’époque, Edouard Philippe, et la ministre de la justice, Nicole Belloubet, et validé par le Conseil d’Etat le 11 décembre 2019.


L'ex-policier a non seulement nié tout acte illégal, mais s'est montré combatif, offensif, soulevant des points de droit, disant avoir vu ses droits enfreints, et contestant la légitimité de la procédure.


L’ancien policier franco-argentin est accusé d’être le « coauteur du délit de privation illégale de la liberté suivi de tortures » contre Hernan Abriata, disparu, comme 5 000 autres opposants, de l’Ecole de mécanique de la marine, la sinistre ESMA, où il était détenu.


Une soixantaine de condamnations pour crimes contre l'humanité furent prononcées entre 2005 et fin 2009, le crime de disparition forcée étant expressément qualifié de tel. Par ailleurs, les tribunaux condamnèrent à maintes reprises la prétendue « guerre sale » comme un véritable « plan systématique d'extermination » visant tant les civils que les personnes accusées d'être impliquées dans la lutte armée.


La justice argentine parla pour la première fois de « génocide » lors du procès de Miguel Etchecolatz, ex-directeur des enquêtes de la police de la province de Buenos Aires, jugé pour crimes contre l'humanité en 2006. Deux témoins payèrent de leur vie, dans les années 2000, leur déposition en justice : Julio López, disparu en 2006, et Silvia Suppo, assassinée en mars 2010.



Anais Tibault






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