top of page

Prison ferme pour les militant(e)s Kamira Nait Sid, Slimane Bouhafs et Bouaziz Ait Chebib


Le tribunal criminel de Dar El Beida a prononcé de très lourdes peines de prison contre Kamira Naït Sid, Bouaziz Aït Chebib et Slimane Bouhafs.


Il était 04H15 ce matin de vendredi 16 décembre, lorsque le président de la cour revient pour délibérer et annoncer les verdicts à l'encontre des militant(e)s de la cause berbère.

.Bouaziz Ait Chebib : condamné à 03 ans de prison ferme et 100 000 dinars d’amende.

.Kamira Nait Sid : Condamnée à 05 ans de prison ferme et 100 000 dinars d’amendes

.Slimane Bouhafs : condamné à 03 ans de prison ferme et 100 000 dinars d’amende.

.Ferhat Mhenni et Belabbes Brahim (Aksel ) condamnés -par contumace- à la prison à perpétuité.


Après la prononciation du verdict, la mère de la militante Kamira Nait Sid hurle de toutes ses forces et crie l’innocence de sa fille. « Nous avons libéré cette Algérie pour qu’on soit traités de terroristes ». Dans sa plaidoirie, maître Alili Yamina, déclare « Après avoir verrouiller tous les espaces de liberté pour les partis politiques et les associations, même ceux agréés, aujourd’hui, nous avons entendu enfin les accusés s’exprimer. Nous avons entendu les accusés donné leurs versions des faits et ils ont prouvé que c’est un procès d’opinion. Bouaziz Aït Chebib est jugé aujourd’hui pour la quatrième fois pour les mêmes accusations, les mêmes questions. »

Concernant Slimane Bouhafs, elle s'interroge « que fait-il ici devant vous ? Nous détenons des documents qui prouvent qu’officiellement, ils est en Tunisie. En Tunisie, ou il bénéficie du statut de réfugié politique et nous avons tous les documents qui le prouvent. La convention de 1951 a été paraphées par l’Algérie ».

« Pourquoi il est là et pourquoi il est poursuivi par l’article 87 bis. Il a été kidnappé en Tunisie d’une manière illégale. Même le HCR a déposé une plainte devant les autorités tunisiennes et ils ont envoyé un écrit officiel en juin 2021 aux autorités algériennes.» poursuit Me Alili .

« Pourquoi ils ont ramené Slimane Bouhafs ? Tout simplement, ils l’ont fait car il est chrétien ! Car dans le dossier, il n’y a aucune carte de son adhésion au MAK, et Bouaziz Aït Chebib le confirme aussi.» précise Me Alili.

Maitre Alili Yamina remet au président de la cour une correspondance officielle avec la justice tunisienne confirmant que la présence de Slimane Bouhafs au Tribunal Algérien est illégale.


Cette poursuite est donc en totale contradiction avec la constitution algérienne et toutes les conventions internationales paraphées par les autorités algériennes.

Elle remet aussi la réponse des autorités algériennes à l’ONU, dans laquelle, il est officiellement dit que l’accusé est arrêté à Tebessa en Algérie. Maître Mostefa Bouchachi prend le relais et demande: « Ne me dites pas monsieur le procureur que s’il avait subi toutes ces sévices, il doit déposer plainte.? Vous devez directement ouvrir une enquête car la loi le stipule alors qu’il y a torture ».

Me Bouchachi prend le dossier de la chambre d’accusation et se demande pourquoi il est jugé aujourd’hui pour les mêmes faits.

Lorsque Bouaziz Ait Chebib est appelé à la barre, le président de la cour lui demande de répondre aux accusations qui lui ont été reprochées.


« J’ai déjà passé plusieurs procès avec les mêmes accusations et je rejette toutes ces accusations. Quand j’entends encore ces accusations, je me sens humilié ». explique Bouaziz Ait Chebib.


Le juge : « C’est quoi le MAK ? ».

Bouaziz : « Le MAK est né en 2001 lorsque la gendarmerie a assassiné 128 jeunes algériens. Ce mouvement a été créé pour apaiser les esprits après ce drame qui a touché la région. En plus, le MAK à l’époque, a participé avec les acteurs politiques de la région pour calmer les esprits ».


Le juge l’interrompt et relance : «C’est quoi le MAK ?».

Bouaziz : « C’est un mouvement pour l’autodétermination de la Kabylie. Il faut savoir que depuis l’indépendance il y avait un bras de fer entre la région de la Kabylie et le gouvernement et pas avec les autres régions du pays ou bien contre l’Algérie ».


« Nous avons proposé qu’il y ait une gestion de la région hors des secteurs régaliens ».


« Nous n’avons pas inventé ce concept et il a été même appliqué en Algérie. Dans l’histoire du pays et lors du congrès de la Soummam, le pays a été divisé en plusieurs wilayas avec une gestion indépendante de chaque wilaya avec les spécifiés de la région. Et cela a contribué à chasser le colon français. On pense que cela pourra apporter son fruit dans l’Algérie actuelle et cela ne veut pas dire que le but est de diviser le pays », explique Bouaziz Ait Chebib.


Bouaziz Ait Chebib prend son temps et insiste pour expliquer ce que veut dire l’autonomie. « On ne peut pas gérer une région du désert comme on gère les régions montagnardes ou celles du littoral ».


L’accusé insiste et précise que ce modèle de gestion ne touche pas aux secteurs de la souveraineté nationale.


Il poursuit « Je ne comprends pas pourquoi quand d’autres personnes évoquent la décentralisation, ce n’est pas considéré comme atteinte à l’unité nationale, mais quand c’est en Kabylie, c’est considéré ainsi ?».


Maître Saheb intervient et attire l’attention du juge que les procès verbeux de la police judiciaire sont orientés.


Concernant la militante de la cause berbère, Kamira Nait Sid, membre de l’ONG appelée « le Congrès Mondial Amazigh.» Elle déclare devant le juge: « Je nie toutes ces accusations. J’ai été menacée par les terroristes et aujourd’hui, je suis poursuivie pour terrorisme.


Kamira Nait Sid fond en larmes, sa sœur qui était juge a été assassinée par les terroristes pendant la décennie noire. Et voilà qu'elle est accusée de terrorisme !


« La seule organisation à laquelle j’appartiens est le Congrés Mondial Amazigh, qui est une ONG qui défend les droits des Amazighs dans le monde. Cette organisation n’a pas été classée par les autorités comme organisation terroriste. Nous travaillons en étroite collaboration avec l’ONU, se basant sur les conventions paraphées par l’Algérie.».


« Notre mission est de rappeler aux pays leurs devoirs quand ils violent les conventions qu’ils ont paraphé.».


Le Juge : « quels sont les droits que vous défendez ? ».

Kamira : « ils sont culturels, patrimoine, la langue …etc ». Elle explique « Je vous donne un exemple : La langue amazighe est officielle mais son enseignement n’est pas obligatoire. Est ce que cela est normal alors que cette langue est officielle et nationale ? Notre droit dans ce cas-là est de rappeler à l’Algérie d’appliquer la constitution.»


Le juge : « Vous avez reçu une somme de 300€ une fois et 700€ une deuxième fois.».


Avec humour, elle interpelle le juge et lui demande : « Avez-vous déjà passé une fin de mois difficile ? ». « J’ai demandé à des amis de me dépanner pendant le Covid 19 car je ne travaillais pas. Vous voulez que j’ailles voler et aller en prison ? Bref, finalement c’est la même chose, car je n’ai pas volé et je suis en prison. »


Elle affirme: « Lors des auditions, la police judiciaire m’avait dit que la langue Kabyle constitue un danger pour le l’Algérie !».


A l'annonce du verdict, Kamira Nait Sid, demande aux siens de ne pas pleurer : « J’ai pris 5 ans, Mandela en a pris 27 ans ! ».


La Rédaction


19 vues
bottom of page