La nouvelle loi vise à encourager l'investissement privé dans le secteur, en assouplissant certaines contraintes comme la limitation de l'actionnariat. Mais le gouvernement algérien reste prudent, de peur de voir les chaînes privées échapper à tout contrôle.
Le ministre algérien de la Communication, Mohamed Laâgab, a présenté lundi devant les députés le projet de réforme de la loi sur l'audiovisuel. Cette réforme vise à trouver un équilibre entre une plus grande libéralisation du secteur audiovisuel et le maintien d'un certain contrôle de l’Etat.
Mohamed Laâgab a notamment défendu le maintien de l'article 30 qui limite à 40% la part maximale qu'un actionnaire peut détenir dans une chaîne de télévision. Selon lui, supprimer cette limitation « mènerait à la fermeture de toutes les chaînes privées » car elles appartiennent à des personnes ou des familles détenant 100% du capital.
Le ministre cherche donc à éviter une concentration excessive des médias audiovisuels entre quelques mains seulement. Mais dans le même temps, il souhaite assouplir l'article 19 qui donnait à l'Etat un pouvoir étendu de contrôle sur les chaînes TV et stations de radio.
Cette volonté de libéralisation se heurte cependant à la crainte de voir le paysage audiovisuel échapper au contrôle des autorités. D'où l'appel du ministre à renforcer le rôle de l'Autorité de régulation de l'audiovisuel (ARAV), chargée de faire respecter les règles du secteur.
La réforme de la loi sur l'audiovisuel s'inscrit dans un contexte de débat plus large sur la liberté de la presse en Algérie. Le paysage audiovisuel algérien reste dominé par les chaînes publiques et parapubliques, tandis que les médias privés peinent à s'imposer face à la concurrence de l'audiovisuel public.
La nouvelle loi vise à encourager l'investissement privé dans le secteur, en assouplissant certaines contraintes comme la limitation de l'actionnariat. Mais le gouvernement algérien reste prudent, de peur de voir les chaînes privées échapper à tout contrôle.
D'un point de vue économique, les chaînes privées souffrent d'une situation financière fragile. Elles dépendent presque exclusivement des recettes publicitaires, compliquées à obtenir dans un marché étroit. Leur modèle économique reste Bancal en l'absence d'autres sources de financement.
Cette réforme révèle également les tensions autour de la liberté de la presse en Algérie. Les journalistes et observateurs dénoncent la mainmise de l'Etat sur l'information, malgré l'ouverture du paysage médiatique ces dernières années. Ils craignent que cette loi ne soit qu'un leurre, et que le contrôle politique persiste sur les médias audiovisuels.
L'enjeu pour le gouvernement algérien est donc double : relancer économiquement le secteur, tout en gardant un œil vigilant sur les chaînes privées. La nouvelle loi se veut un compromis, mais son application concrète révélera si elle favorise réellement le développement de médias audiovisuels pluralistes et indépendants en Algérie.
Sophie K.
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