Bien que ces projets de loi affichent la volonté de renforcer le cadre démocratique des médias, leur adéquation avec la réalité du terrain en Algérie peut être questionnée.
Lundi, l'Assemblée populaire nationale (APN) algérienne a adopté les projets de loi relatifs à la presse écrite, à la presse électronique et à l'activité audiovisuelle. Ces textes visent à adapter le cadre législatif du secteur médiatique à la Constitution de 2020.
Le projet sur la presse écrite et électronique a reçu quelques amendements de la commission parlementaire. Ceux-ci concernent notamment les conditions d'accès à la profession, comme l'expérience requise du directeur de publication. D'autres modifications précisent certains termes pour plus de clarté.
Selon la commission, cette loi doit renforcer «la liberté et le professionnalisme» dans les pratiques médiatiques, en conformité avec la Constitution. Elle consacre le «droit du citoyen à une information authentique et objective».
Quant au projet sur l'audiovisuel, il vise à suivre l'évolution technologique du secteur, avec la diffusion web et l’organisation du capital-actions. La loi entend aussi garantir la continuité du service public et promouvoir la production audiovisuelle algérienne.
Bien que ces projets de loi affichent la volonté de renforcer le cadre démocratique des médias, leur adéquation avec la réalité du terrain en Algérie peut être questionnée.
En pratique, les médias algériens font face à des restrictions importantes de leur liberté d'informer. Le pays se situe à la 136e place sur 180 au Classement mondial de la liberté de la presse 2023 de Reporters Sans Frontières. Les pressions politiques et économiques sont fortes.
De plus, ces dernières années, des journalistes indépendants et critiques du pouvoir ont été arrêtés et emprisonnés. Ce climat répressif pèse sur la liberté réelle d'expression des médias algériens.
Dans ce contexte, l'application concrète de ces réformes sera déterminante. Le risque existe d'un décalage entre le cadre légal et la réalité du terrain, marquée par un contrôle étatique étroit sur l'information.
La mise en œuvre de garde-fous efficaces pour l'indépendance des médias sera essentielle. Tout comme l'abandon effectif des poursuites judiciaires utilisées pour museler les voix critiques.
En effet, ces textes peuvent constituer un signal positif, mais leur transposition dans les faits devra s'accompagner d'un changement profond des pratiques répressives affectant la liberté de la presse algérienne.
Sophie K.
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