Dans un geste historique empreint d’espoir, le roi Mohammed VI du Maroc a accordé sa grâce royale à trois journalistes et un intellectuel emprisonnés, à l'occasion du 25e anniversaire de son accession au trône. Cette décision, annoncée lundi, s'inscrit dans le cadre d'une mesure plus large bénéficiant à 2 476 détenus, selon les informations fournies par le ministère de la Justice marocain.
Les bénéficiaires de cette grâce sont Omar Radi, Soulaimane Raissouni et Taoufik Bouachrine, tous trois journalistes, ainsi que Maâti Monjib, historien et défenseur des droits humains. Ces libérations ont été confirmées par un responsable marocain sous couvert d'anonymat.
Hicham Mellati, directeur des Affaires pénales et de grâce au ministère de la Justice, a souligné le "caractère humain" de cette décision royale, affirmant qu'elle a été "accueillie avec une profonde gratitude par les familles des graciés".
Ces libérations interviennent dans un contexte de controverse. Les trois journalistes avaient été condamnés pour des crimes de droit commun, notamment des agressions sexuelles, des accusations qu'ils ont toujours niées, affirmant être poursuivis pour leurs opinions. Les autorités marocaines, quant à elles, ont maintenu que ces poursuites n'avaient aucun lien avec leur profession ou la liberté d'expression.
Maâti Monjib, pour sa part, avait été condamné pour "fraude" et "atteinte à la sécurité de l'État", des charges qu'il contestait également. Il fait toujours l'objet d'une instruction judiciaire pour "blanchiment de capitaux".
Cette décision royale intervient après que la Cour de cassation du Maroc ait rejeté les pourvois de Radi et Raissouni en juillet 2023, confirmant leurs peines respectives de six et cinq ans de prison. Le pourvoi de Bouachrine avait été rejeté en 2021.
L'organisation Reporters sans frontières (RSF) avait plaidé pour leur libération l'année dernière, soulignant l'importance de ce geste pour la liberté de la presse au Maroc.
Cette grâce royale représente un développement significatif dans le paysage des droits humains au Maroc, offrant un nouvel espoir aux défenseurs de la liberté d'expression dans le royaume. Cependant, elle soulève également des questions sur l'indépendance du système judiciaire et le traitement des voix dissidentes dans le pays.
Sophie K.
Comments