Le tribunal de première instance de Rabat (Maroc) a condamné, lundi, le militant des droits humains Rida Benotmane, à trois ans de prison ferme assortie d’une amende de 20 000 dirhams.
Selon des sources associatives, "le militant a été reconnu coupable d’outrage envers des fonctionnaires et les corps constitués, entre autres, pour des publications sur YouTube et Facebook."
Rida Benotmane (46 ans), qui a observé une grève de la faim pour protester contre sa détention, a déjà été emprisonné entre 2007 et 2011 pour avoir dénoncé la torture pratiquée dans un centre de détention secret.
Membre de l’Association marocaine des droits humains (AMDH), Rida Benotmane a été arrêté le 9 septembre dernier.
Rida Benotmane, a été inculpé le lendemain d’« outrage à un organisme réglementé par la loi », d’«outrage à des fonctionnaires publics dans l’exercice de leurs fonctions » et de « diffusion et distribution de fausses allégations sans accord ». Il a également été accusé d’avoir enfreint le décret relatif à l’état d’urgence sanitaire.
La Brigade nationale de la police judiciaire (BNPJ) de Casablanca l’a «interrogé au sujet d’un message publié sur Facebook le 13 septembre 2021, qui appelait à une marche publique contre les atteintes aux droits humains commises par les forces de sécurité», explique l'ONG Amnesty International.
Il a également été interrogé au sujet de « deux vidéos YouTube publiées en août 2021, dans lesquelles il dénonçait le fait que les revendications de la population en matière de justice sociale ne sont pas prises en compte et alertait sur la possible utilisation du pass vaccinal contre le Covid-19 comme outil de répression », poursuit Amnesty International.
Cette dernière, avait appelé les autorités marocaines à libérer Rida Benotmane «sans délai et abandonner toutes les charges retenues contre lui ».
« Le seul "crime" qu’ait commis Rida Benotmane a été d’exprimer des griefs légitimes contre les autorités dans quelques publications et vidéos sur les réseaux sociaux. Cette affaire n’est que la dernière manœuvre des autorités consistant à invoquer des poursuites absurdes pour faire taire les voix critiques et met en lumière la répression de la liberté d’expression au Maroc», avait réagi Amna Guellali, directrice adjointe du programme Moyen-Orient et Afrique du Nord à Amnesty International.
L’association marocaine des droits humains (AMDH), dont Rida Benotmane est membre, est une association-membre de la Fédération euro-méditerranéenne contre les disparitions forcées (FEMED).
Dans un communique rendu public, hier, mercredi 9 Novembre, la FEMED " demande la libération immédiate de l'activiste et l'abandon de toutes les charges retenues contre lui."
La FEMED demanda également "la libération de tous les militant.e.s, et défenseur.e.s des droits humains au Maroc et enjoint le gouvernement marocain à garantir la liberté d'opinion et d'expression qui sont des droits fondamentaux." Tout en exprimant "sa sincère solidarité avec la famille et les proches de Rida Benotmane."
Lila Mokri
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