
Des migrants subsahariens abandonnés dans le désert à la frontière entre la Tunisie et la Libye, le 16 juillet 2023. MAHMUD TURKIA / AFP
Environ 140 ressortissants d'Afrique subsaharienne disant être sur place "depuis trois semaines", ont dressé un campement de fortune au bord d'un marais salant, à 30 mètres du poste frontière libyen de Ras Jedir (nord).
Des centaines de migrants, dont des femmes et enfants, sont bloqués depuis plusieurs semaines à la frontière entre la Libye et la Tunisie, après y avoir été abandonnés par les autorités tunisiennes, selon des témoignages recueillis mercredi par l'AFP.
Sans eau potable ni nourriture, hormis un peu d'aide fournie au compte-gouttes, des femmes, dont certaines enceintes, des hommes et des enfants tentent de supporter la chaleur le jour, le froid la nuit, sur une langue de terre désertique accablée de soleil et battue par le vent. Souvent, ils tentent de se rafraîchir en se baignant dans une eau saumâtre.
A la suite d'affrontements ayant coûté la vie à un Tunisien le 3 juillet, des centaines d'Africains ont été arrêtés par les autorités tunisiennes à Sfax (centre-est) qui les ont ensuite acheminés et abandonnés -selon des ONG- dans des zones inhospitalières près de la Libye, à l'est, et de l'Algérie, à l'ouest.
Selon les gardes-frontières libyens et des témoignages recueillis par l'AFP, deux autres groupes, d'une centaine de personnes chacun, se trouvent dans la zone frontalière entre la Libye et la Tunisie.
Au cours des dix derniers jours, des gardes-frontières libyens ont mis à l'abri plusieurs centaines de migrants, trouvés en train d'errer dans le désert près d'Al-Assah, au sud de Ras Jedir où au moins cinq corps ont été découverts.
Les migrants coincés à Ras Jedir se partagent le peu de nourriture et d'eau que leur apportent les Libyens via le Croissant rouge local.
Au total 1.200 Africains ont été "expulsés" depuis début juillet par la police tunisienne, vers les zones frontalières avec Libye et Algérie, selon l'ONG Human Rights Watch.
Le Croissant rouge tunisien est allé par la suite en secourir environ 600 côté libyen, et plusieurs centaines côté algérien, répartis dans des centres d'hébergement.
Dans un communiqué, l'ONG Médecins du Monde a appelé mercredi "les autorités tunisiennes à faciliter l'accès des organisations de la société civile nationale et internationale aux zones dans lesquelles se trouvent les personnes déplacées par les forces de l'ordre en juillet", rappelant que "ces personnes se trouvent dans une situation de grande vulnérabilité".
Arrêtés, battus et abandonnés sans eau ni nourriture, des exilés ayant trouvé refuge à Médénine, dans le sud-est du pays, témoignent de l’horreur qu’ils ont subie.
« Pourquoi ?, implore inlassablement un migrant. Pourquoi nous ont-ils mis dans le désert ? Pourquoi nous ont-ils déportés ? Pourquoi les gardes nationaux nous ont-ils battus ? Pourquoi ont-ils détruit mon passeport ? Pourquoi ne peuvent-ils pas utiliser des avionspour nous expulser ? Ils veulent nous tuer. »
Source AFP
Comments