Le drame survenu à Nanterre et les émeutes qui ont suivi sont symptômes des « discriminations » envers la population immigrée, estiment plusieurs régimes autocrates, qui se saisissent de cette occasion pour défier Paris.
« Tout ça, c’est l’arrogante perception de l’homme blanc ». Parmi les diverses analyses autour des émeutes qui ont secoué la France après la mort de Nahel le 27 juin, celle d'Ankara est particulièrement acerbe.
Pour le président turc Recep Tayyip Erdogan, les violences trouveraient leur origine dans « le racisme culturel » français qui « s'est transformé en racisme institutionnel ». « Bien sûr », a concédé l'autocrate islamo-conservateur, « nous ne tolérons pas le pillage des magasins et les troubles urbains ne peuvent servir à réclamer justice », mais « il est clair que les autorités doivent aussi tirer les leçons de cette explosion sociale ».
La veille, c'était au régime iranien, lui-même mis en cause pour les centaines de morts durant le mouvement de protestation contre les Mollahs, à l'automne, de dénoncer « les relations discriminatoires » entretenues par l'État français « avec la population immigrée ».
Si d'aucuns ignoraient encore que le jeune Nahel, tué mardi par le tir d'un policier lors d'un refus d'obtempérer, était d'origine algérienne, Alger n'a pas manqué de le souligner.
Dans un communiqué publié jeudi 29 juin, le ministère algérien des Affaires étrangères et de la Communauté nationale à l'étranger a fait part de son « choc » et sa « consternation » face au drame qui a déclenché une vague d'émeutes en France.
Le ministère des Affaires étrangères s'est dit « soucieux de la quiétude et de la sécurité » de ses ressortissants « sur leur terre d'accueil ».
Alger dit notamment s'inquiéter des « circonstances particulièrement troublantes et préoccupantes » du drame.
Le ministère exhorte le gouvernement français à « assumer pleinement son devoir de protection » envers les Algériens de France, se disant « soucieux de la quiétude et de la sécurité dont doivent bénéficier nos ressortissants sur leur terre d'accueil ».
« Nous recommandons au gouvernement français et à la police de prêter attention aux demandes des manifestants…».
Alors que le policier auteur du tir a été mis en examen pour homicide volontaire et placé en détention provisoire, le gouvernement algérien « continue de suivre avec une très grande attention les développements de cette affaire tragique », conclut le communiqué, « avec le souci constant d'être aux côtés des membres de sa communauté nationale au moment de l'adversité et de l'épreuve ».
La rédaction