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Sofiane Chaïb: « L’arrestation de notre diplomate à Paris est une violation grave des conventions de Vienne »

  • cfda47
  • 16 avr.
  • 3 min de lecture

Les tensions entre Alger et Paris ont franchi un nouveau seuil. Après une fragile accalmie, une nouvelle affaire vient souffler un vent glacial, vendredi 11 avril. En réaction à l’arrestation qualifiée d’« ostentatoire » et d’« illégale » d’un agent consulaire algérien en France, les autorités algériennes ont ordonné l’expulsion de 12 agents consulaires français. Une décision forte et sans précédent, qui marque un tournant dans les relations bilatérales.


Selon le secrétaire d’état chargé de la communauté nationale à l’étranger, Sofiane Chaïb, l’ensemble des agents visés ont quitté le territoire algérien, le dernier ayant embarqué depuis l’aéroport d’Oran le 15 avril à 19h30. Ce geste, assure-t-il, fait suite à une « crise entièrement fabriquée » par le ministre français de l’intérieur, accusé de « torpiller » une dynamique de rapprochement initiée par les deux chefs d'État.


Le contexte est d’autant plus sensible que la crise survient quelques jours après un appel téléphonique entre le président Abdelmadjid Tebboune et son homologue Emmanuel Macron, suivi d’une visite du ministre français des Affaires étrangères à Alger. « Une dynamique de dialogue et de respect mutuel était en cours », rappelle le secrétaire d'État.


Mais l’arrestation brutale, le 8 avril, d’un diplomate algérien, en pleine rue et sans respect des conventions internationales, est venue tout compromettre.

« C’est une affaire grave, sans précédent, qui constitue une violation manifeste des usages diplomatiques », insiste-t-il.

Le motif de l’arrestation suscite également l’indignation d’Alger. L’agent consulaire aurait été accusé d’un prétendu enlèvement d’un individu recherché par la justice algérienne. L’élément clé de l’enquête ? La géolocalisation de son téléphone, détectée à proximité du domicile de cette personne. « Un prétexte grotesque », tranche le secrétaire d'État, qui y voit une manœuvre politique.


En l’absence de réponse satisfaisante de Paris, Alger a choisi la réciprocité. Les 12 agents français expulsés seraient tous liés à des organismes dépendant du ministère français de l’intérieur, ce qui, selon les autorités algériennes, confirme le caractère prémédité de l’affaire.


En guise de riposte, la France a rappelé son ambassadeur à Paris et exigé le départ de 12 diplomates algériens. Une décision jugée « regrettable » par Alger, mais qui ne saurait, selon Sofiane Chaïb, « occulter l’origine du problème ».


Au-delà de cette crise, Alger affirme maintenir le cap de proximité avec sa diaspora. Le secrétaire d’état souligne que des instructions claires ont été données aux représentations diplomatiques pour écouter et accompagner la communauté algérienne à l’étranger. Une priorité présidentielle, dit-il, traduite par des efforts de numérisation des services consulaires et un dialogue renforcé avec les chefs de poste.


Sur un autre volet, Alger souhaite valoriser les compétences algériennes établies à l’étranger, notamment les quelque 20 000 chercheurs et ingénieurs dans les pays de l’OCDE. Une plateforme d’échanges est en cours de développement pour faciliter l’implication de cette élite dans le développement national.


« Nos compétences veulent contribuer, et nous travaillons à lever tous les obstacles administratifs ou juridiques qui freinent leur engagement », affirme le secrétaire d’état, citant notamment l’adhésion prochaine de l’Algérie à la Convention de La Haye (Apostille) pour faciliter les démarches documentaires.


Si cette crise diplomatique marque un recul brutal dans les relations Algéro-françaises, elle révèle également les limites du dialogue bilatéral lorsque des intérêts sécuritaires prennent le pas sur les conventions internationales. Mais elle souligne aussi la détermination d’Alger à défendre sa souveraineté et à poursuivre son lien avec sa diaspora, en dépit des turbulences.


Yacine M

 

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