Selon un rapport de l’OIM « Organisation Internationale sur la Migration » de l’ONU, environ 7,6 millions de personnes ont été contraintes de fuir leurs foyers à l’intérieur et à l’extérieur du Soudan, neuf mois après le début de la guerre entre les Forces armées soudanaises (SAF) et les Forces de soutien rapide (RSF) le 15 avril 2023 à Khartoum, la capitale.
Près de la moitié de ces personnes ont été déplacées, faisant du Soudan le pays qui compte le plus grand nombre de personnes déplacées et la plus grande crise de déplacement d’enfants au monde .
La majorité des personnes déplacées, environ 3,6 millions (59 pour cent de toutes les personnes déplacées à l'intérieur du pays) viennent de l'État de Khartoum, suivi du Darfour du Sud (15 pour cent), du Nord. Darfour (8 %), Aj Jazirah (8 %), Darfour central (4 %), Darfour occidental (3 %) et le reste dans six autres États. En outre, environ 1,5 million de personnes ont traversé la frontière vers les pays voisins depuis le 15 avril 2023, selon l'Agence des Nations Unies pour les réfugiés (HCR).
En outre, il y a lieu de noter que les forces armées des deux camps du conflits ainsi que les différentes milices commettent actuellement des crimes de guerre et contre l’Humanité comme le fait de diriger intentionnellement une attaque contre une population civile; le pillage, le fait de détruire les biens d'un adversaire, d'autres actes inhumains; atteintes à la dignité de la personne, le viol, le transfert forcé de population, la persécution; la torture, le traitement cruel, et la tentative de meurtre selon la CPI « Cour Pénal Internationale ».
A cet effet, ce même Cour vient d’ouvrir une enquête préliminaire en envoyant 35 demandes d’assistance au Soudan qui sont encore sans réponse de la part du gouvernement soudanais. La CPI a estimé que « le seul élément positif » était la désignation d’un point focal par ce gouvernement et la délivrance de visas à son équipe d’enquêteurs.
En 2018, des mouvements de contestations populaires ont commencé à secouer le régime militaro-islamiste d'Omar El Bachir. En avril 2019, le printemps de Khartoum pour la démocratie a entraîné la proposition d'une réforme constitutionnelle qui inclurait une période de transition partagée entre l'armée et les civils. Cependant, l'armée avait déjà l'intention de reprendre le pouvoir et de "faire du Omar El Bachir sans Omar El Bachir".
Le gouvernement civil dirigé par le Premier ministre Abdellah Hamdock a été bref, avec une brève pause démocratique interrompue par un coup d'État militaire perpétré par les généraux Abdel Fattah Al Burhan et Mohamed Hamdan Dogolo, également connu sous le nom de Hemiti, qui nient les droits des citoyens et leur soif de démocratie.
Bien que ces deux généraux soient actuellement en guerre l’uns contre l’autre, ils sont étroitement liés par leur passé et leurs intérêts communs : ils sont tous deux issus du mouvement islamiste de Omar El Bachir.
Ensemble, ils ont dérobé la révolution aux manifestants pacifiques car ils voulaient gouverner seuls.
Depuis lors, le Soudan est directement affecté par l'influence de ses pays voisins avec lesquels il partage sept frontières. Cependant, aucun de ces pays ne représente un modèle démocratique et des puissances internationales s'immiscent dans le conflit sans aucun intérêt à aider le peuple soudanais à reprendre le pouvoir.
En premier lieu, sous le règne du maréchal Abdelfattah Sissi, l'Egypte a mis un terme à la démocratisation en place dans le pays, tandis que l'Arabie saoudite et les Emirats arabes unis ont également affiché une profonde aversion envers la démocratie. En ce qui concerne l'Egypte, les Soudanais sont perçus comme des « petits frères » quelque peu agités qu'il convient de remettre dans le droit chemin.
Il y a aussi, la Libye avec le même problème. Il y a le Tchad qui n’est pas une démocratie aussi. Il y a la république centrafricaine, le Soudan du Sud qui a un système non-démocratique marqué par de nombreux conflits. Il y a l’Ethiopie qui est en guerre avec le Tigré et surtout, il y a l’Erythrée d’où les gens continuent à fuir en masses et où il n’y a même pas une constitution digne de ce nom.
Personne autour du Soudan ne prendra position fermement pour dire que « chez nous ça fonctionne bien et qu’il est essentiel de mettre les droits de l’Homme au premier plan et le Soudan doit faire de même ».
Le Soudan se trouve à l’épicentre de tous ces conflits des pays voisins et leurs évolutions l’influencent grandement. Tout est interdépendant !
La Russie qui aspire à installer une base navale dans le port soudanais en mer rouge est en bon termes avec les deux belligérants et attend patiemment la fin du conflit mais ce projet est contrecarré par les Etats-Unis qui a intérêt à ce que le pays ne soit pas stable.
Toutes ces facteurs montrent que le conflit a de bonnes raisons de durer dans le temps.
En conclusion, les raisons qui expliquent la persistance du conflit au Soudan sont multiples, et l'une de ces raisons est l'impossibilité pour la société civile soudanaise d’exercer pleinement son rôle de défenseur des droits de l'homme lorsqu'elle est menacée physiquement par la guerre. Il est essentiel de mettre en place des mécanismes de protection pour la société civile afin de favoriser un dialogue constructif et de trouver des solutions durables pour le pays.
Yacine M
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