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Stigmatisation et mémoire: Karim Zéribi interpelle la France

  • cfda47
  • 11 mai
  • 3 min de lecture

En visite à Alger, Karim Zéribi appelle à une reconnaissance claire du passé colonial et dénonce la stigmatisation des musulmans en France. L’homme politique français insiste sur l’importance d’une relation équilibrée entre la France et l’Algérie, fondée sur la vérité historique et le respect mutuel.


En marge de la commémoration des massacres du 8 mai 1945, Karim Zéribi a livré un discours sans concession sur l’état des relations franco-algériennes. Pour l’ancien eurodéputé, aujourd’hui figure médiatique influente, aucune perspective commune ne pourra être construite sans une reconnaissance intègre et véritable des crimes coloniaux. « Pour avancer, il faut une relation équilibrée, franche, respectueuse. Et cela commence par la vérité sur l’histoire », affirme-t-il.


Si la participation de parlementaires français aux cérémonies de Sétif, Guelma et Kherrata a été perçue comme un signal positif, Zéribi estime que les gestes symboliques ne suffisent plus. Il faut, selon lui, « affronter l’histoire en face ». Il rappelle qu’entre 1830 et 1870, l’Algérie a perdu près d’un million d’habitants. « C’est un génocide », dénonce-t-il, qualifiant la colonisation de « système d’oppression sanglant et déshumanisant ».


Face à l’histoire : le défi d’une relation apaisée entre la France et l’Algérie

Le 8 mai, date célébrée en France comme la victoire sur le nazisme, demeure pour les Algériens un jour de deuil, marqué par la répression brutale de manifestations pacifiques. « La France célèbre la liberté pour elle-même tout en l’ayant refusée à d’autres », martèle-t-il.


Au-delà du passé colonial, Zéribi dresse un constat alarmant de la situation actuelle en France : les musulmans y sont systématiquement stigmatisés. « Être musulman en France, c’est être suspect par défaut », déplore-t-il. Le port du voile est devenu un marqueur de cette discrimination. Des femmes sont exclues du débat public uniquement pour cette raison. Zéribi dénonce une « laïcité sélective », pointant du doigt la tolérance envers certaines manifestations religieuses, telles que Hanoukka à l’Élysée ou les crèches dans les mairies, alors que les musulmans sont systématiquement visés.


Zéribi s’inquiète également de la radicalisation du discours politique. Selon lui, la droite républicaine a cédé aux obsessions de l’extrême droite. Il cite Bruno Retailleau, nouveau ministre de l’Intérieur, comme l’illustration d’une dérive électorale fondée sur la peur et la stigmatisation. « Il représente un parti arrivé quatrième aux dernières élections. Quelle légitimité ? », interroge-t-il.


Reconnaissance et respect : repenser les relations franco-algériennes

Pour autant, Zéribi ne prône pas la rupture, mais une refondation des relations franco-algériennes, fondée sur la vérité historique, le respect mutuel et des intérêts partagés. « L’Algérie est un acteur clé au sud de la Méditerranée, la France une puissance européenne. Ensemble, elles peuvent construire. Mais pas dans le mépris ».


Karim Zéribi dénonce l’instrumentalisation politique de l’affaire Boualem Sansal, qu’il considère comme un prétexte pour attaquer l’Algérie. Il rappelle qu’aucune résolution parlementaire n’a été adoptée pour les plus de 1 600 Français détenus à l’étranger. Pourquoi, dès lors, une telle mobilisation pour un seul cas ? Il cite l’exemple de Théo Clair, emprisonné trois ans en Azerbaïdjan pour un graffiti, sans que cela ne suscite la même indignation.


« Il ne s’agit pas de repentance. L’Algérie ne l’a jamais demandée. Ce que le peuple algérien attend, c’est une reconnaissance », affirme Zéribi. Une reconnaissance des disparitions, des tortures, des exactions longtemps niées. Il cite le cas emblématique de Larbi Ben M’hidi, longtemps présenté comme suicidé, avant que sa mort sous la torture ne soit officiellement reconnue.


Face à l’histoire : le défi d’une relation apaisée entre la France et l’Algérie

Pour tourner la page, il faut d’abord l’avoir lue. Car derrière les tensions, Zéribi perçoit un potentiel immense : une diaspora de cinq millions de personnes, des liens historiques profonds, une jeunesse avide de coopération. Mais cela passe par la fin des discours de haine, des postures dominatrices, et l’instauration d’un véritable dialogue. Non pas contre l’autre, mais avec lui.


La reconnaissance du passé colonial et la lutte contre la stigmatisation sont des enjeux fondamentaux pour construire une société plus juste et équilibrée.


Nadia B

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