En Suède, les travailleurs non-européens devront désormais démontrer qu’ils gagnent plus de 27 360 couronnes par mois, l’équivalent de 2 310 euros mensuels, pour obtenir un titre de séjour. Cette mesure du gouvernement conservateur, soutenu au Parlement par l’extrême droite pour restreindre l’immigration, suscite une levée de boucliers au sein des entreprises et des syndicats suédois.
Le gouvernement Suédois fait tout pour dissuader les étrangers d’immigrer dans le pays. Après avoir restreint l’accueil des réfugiés, accéléré les expulsions de sans-papiers, et augmenté les revenus et le niveau de langue requis pour obtenir un permis de résidence, le gouvernement a annoncé, le 20 octobre dernier, vouloir durcir les conditions d’octroi des prestations sociales aux migrants non-européens.
La coalition au pouvoir a doublé le salaire minimum requis pour demander un visa de travail. Cette mesure menace près de 15 000 personnes d’expulsion.
Après l’élection générale de septembre 2022, marquée par le succès de l'extrême droite devenue la deuxième force politique du pays, le royaume scandinave a pris un virage droitier sur sa politique migratoire.
Les travailleurs non-européens devront désormais gagner le double de ce qui était jusque-là nécessaire pour obtenir un permis de résidence en Suède. Dans l’hôtellerie, les entrepôts, la construction ou les soins à la personne, la main-d'œuvre manque déjà cruellement. Or, les conditions de revenus désormais exigées aux immigrés non-européens sont souvent au-dessus des salaires proposés dans ces secteurs, où les travailleurs étrangers sont indispensables pour faire tourner l’activité.
La Suède se porte mal et n’a plus les moyens de sa politique sociale. Le tableau dépeint par le gouvernement dans une tribune publiée sur le quotidien Dagens Nyheter est sombre : il met en avant "un pays en récession, dont la sécurité est menacée, gangréné par des guerres de gangs, qui on le sait, touchent particulièrement les quartiers où vivent une majorité d’immigrés".
Selon les quatre leaders de parti de la coalition de droite au pouvoir, "la politique d’intégration n’a pas été assez exigeante, et les 770 000 personnes de nationalité non-européenne qui sont arrivés en Suède depuis 2012 n’ont pas été assez incités à s’intégrer, avec pour conséquence la ségrégation, le chômage, de mauvais résultats scolaires, une absence de valeurs suédoises… et donc un pays divisé".
Les confédérations syndicales et les organisations d’employeurs dénoncent une mesure qui risque non seulement de nuire à l’économie suédoise, mais qui met aussi à mal l’un des principes fondateurs de ce pays.
De nombreuses interrogations en suspens
Depuis 1938 et la signature de l'accord de Saltsjöbaden, les accords collectifs signés entre partenaires sociaux régissent habituellement les salaires, les pensions, les conditions de travail, sans interférence, du gouvernement. Et les Suédois sont très attachés à ces négociations.
Le modèle fonctionne encore relativement bien, d’où le déferlement de critiques dans la presse : "Idéologique", "contre-productif", ce salaire-plancher pour les travailleurs immigrés est une "expérience risquée, dont les conséquences sont imprévisibles".
Dans l’immédiat, des milliers de personnes pourraient être obligées de quitter le pays, faute de revenus suffisants.
La rédaction
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