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Tour de France: des origines ouvrières et paysannes à la compétition planétaire

Maintenant que les élections ont pris fin, les Français et les spectateurs du monde entier peuvent sereinement savourer le Tour de France à la télévision. Pour les plus chanceux, l’attente se prolongera le long des routes ou dans les villages, au fil des étapes, pour encourager les cyclistes.


En 2023, ce sont 43 millions qui ont suivi la compétition sur les plateformes de France Télévision. Un Français regarde en moyenne 5 heures et 55 minutes du Tour sur le petit écran.

Les entreprises paient entre 200 000 et 500 000 euros pour faire partie de la caravane publicitaire qui précède la course proprement dite et qui s’étend sur dix-neuf kilomètres et se compose de chars publicitaires distribuant des échantillons gratuits.


Le Tour de France est né d’un coup de rein en 1903 suite à la concurrence entre deux journaux sportifs, l’Auto et le Vélo de l’époque. Tandis que le journal Le Vélo tirait à 80 000, le journal concurrent l’Auto était en difficulté.


La responsable de la rubrique cycliste du journal l'Auto suggère que l'organisation de courses cyclistes longue distance sur les routes françaises plutôt que sur un circuit pourrait booster les ventes du journal.


C'est ainsi qu'est née en 1903 la première "Grande boucle", une course en six étapes de plusieurs villes de France attendus pour parcourir près de 2 500 kilomètres reliant Paris, Lyon, Marseille, Toulouse, Bordeaux, Nantes et Paris en deux semaines, comme le mentionne un article détaillé sur le site de la revue ballast.fr/.


 A l’époque, le cyclisme était le sport privilégié des Français issus de la classe ouvrière. Les travailleurs étaient de fervents supporters de ce sport, qui comptait principalement des coureurs issus du milieu paysan ou ouvrier vivant à la campagne.


En 1924, vingt ans plus tard, des revendications sur les salaires et les conditions de travail commencent à se faire entendre dans le monde du cyclisme. Le champion en titre, Henri Pélissier, décide de quitter la compétition en signe de protestation.


Il dénonce le traitement inhumain réservé aux coureurs professionnels, les qualifiant de "forçats de la route". Cette expression incendiaire met en lumière les profondes inégalités socio-économiques du pays. Pélissier exprime dans une lettre à L’Humanité son acceptation de la fatigue et de la souffrance inhérentes à sa profession, mais demande à lui-même et à ses collègues d'être traités avec respect, et non comme des animaux.


Le journal prend fait et cause pour la protestation, qualifiant les coureurs qui abandonnent de "grévistes" et dénonçant le Tour de France comme une opération commerciale exploitant le "prolétariat cycliste" au profit de "profiteurs du sport".


Pendant l'entre-deux-guerres, le journal L'Humanité souligne la pression constante exercée sur les travailleurs de la pédale, dénonçant leur exploitation féroce et parfois criminelle.


Il invite ses lecteurs à prendre conscience que la course fait partie des stratégies cyniques du capitalisme bourgeois pour manipuler les masses laborieuses en leur offrant "du pain et des jeux".


En fait, les revenus des coureurs sont modestes et sont entièrement basés sur leurs performances individuelles : lors du Tour, les cyclistes reçoivent une indemnité quotidienne équivalente au salaire moyen d'un ouvrier d'usine s'ils parviennent à maintenir une vitesse minimale de 20 kilomètres/heure.


Toutefois, le Tour de France a joué un rôle crucial dans le renforcement de l'identité moderne française. En effet, la pratique du cyclisme a encouragé les Français à s'intéresser à la géographie de leur pays, à explorer ses régions, à emprunter ses routes, à découvrir ses villages pittoresques et ses nombreux sites historiques.


Ainsi, la France des villes s’est réconciliée avec sa campagne.


Les étapes du Tour sont comme des chapitres d’un roman envoûtant. Chaque ville, chaque village, chaque col de montagne raconte sa propre histoire.


Les spectateurs se massent le long des routes, brandissant des drapeaux tricolores, criant des encouragements passionnés. Les cafés s’animent, les enfants sautillent d’excitation, et les rues se parent des couleurs de l’arc-en-ciel, comme si elles voulaient rivaliser avec le maillot jaune du leader.


Et puis, il y a ces moments magiques où le peloton file à toute allure, laissant derrière lui un sillage de sueur et de détermination. Les grimpeurs se hissent avec grâce dans les cols alpins, les sprinteurs se lancent dans des duels épiques sur les Champs-Élysées, et les échappées solitaires deviennent des légendes éphémères.


Le Tour de France, c’est aussi une fenêtre ouverte sur la France profonde. Les champs de tournesols, les vignobles vallonnés, les châteaux médiévaux – tout cela défile sous les yeux des coureurs et des téléspectateurs.


Et pendant ce temps, les commentateurs, avec leur verve passionnée, nous narrent les anecdotes, les rivalités, et les exploits des cyclistes.



Yacine M

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