Placé sous le signe du numérique et de l’économie, le sommet de Djerba aura pourtant été très politique, mais aussi électrique. Le sommet de la Francophonie a touché à sa fin dimanche soir. Trente et un chefs d’États et de gouvernements y étaient rassemblés.
Un sommet ponctué de retrouvailles et de quelques tensions:
Mal à l’aise avec la situation qui règne en Tunisie depuis que son président s’est octroyé les pleins-pouvoirs en juillet 2021, le Canadien Justin Trudeau a tout fait pour éviter de croiser le maître de Carthage, rapporte RFI.
Autre différend, celui qui oppose la RDC au Rwanda. Le Premier Ministre congolais allant jusqu’à bouder la photo de famille pour ne pas apparaître sur un même cliché que Paul Kagamé, le président rwandais.
Du côté de la délégation congolaise, on explique que « c’est un signe voulu de désapprobation ». « On ne peut pas nous afficher sur une photo avec le président Paul Kagamé » qui lui était bien présent, selon une source.
Ainsi, ce sommet n’aura pas vraiment permis d’apaiser les tensions entre le Rwanda et la République démocratique du Congo. La RDC doit d'ailleurs accueillir, en 2023, les prochains Jeux de la Francophonie.
Et c’est justement des tensions sur le continent et dans le monde que se sont entretenus les chefs d’États réunis à Djerba. Ils ont évoqué les grands absents : le Mali, la Guinée et le Burkina-Faso qui n’ont pas été conviés à l’évènement à cause des coups d’États militaires qui y ont eu lieu.
Autre sujet de préoccupation : l’Ukraine. Alors que la guerre va entrer dans son dixième mois, le président Volodymyr Zelensky a pu s’adresser par visioconférence à ses homologues des pays francophones.
Les chefs d'États et de gouvernement ont évoqué la crise dans l’Est de la République démocratique du Congo (RDC). Une résolution doit être adoptée sur le sujet, mais en coulisses, la Francophonie est une nouvelle fois menacée de cacophonie.
Du côté de la délégation congolaise, on estime qu’il y a, dans ce dossier, un parti pris de la secrétaire générale de l’OIF, la Rwandaise Louise Mushikiwabo.
« Elle est un peu sortie de sa neutralité », confie à RFI un membre de la délégation congolaise. Il accuse Louise Mushikiwabo de prendre « fait et cause pour le Rwanda », ce qui, selon lui, « donne une indication que l’organisation qu’elle dirige ne peut véritablement jouer un rôle dans la résolution de la crise ».
Ces propos font référence à une interview que la secrétaire générale a accordée à la chaine TV5, au premier jour du sommet.
Louise Mushikiwabo a déclaré dans cette interview qu’il y a « des éléments en RDC, juste à la frontière du Rwanda, qui sont une menace pour la sécurité du Rwanda. Est-ce qu’on peut retourner sur les accords qui existent depuis plus de 10 ans et les mettre en application ? C’est une question de volonté politique. C’est aussi simple que ça ».
Des propos qui ne passent pas du tout côté congolais. « Nous avons simplement exprimé qu'en tant que secrétaire générale, Louise Mushikiwabo a un rôle de neutralité et que sur des questions qui concernent le Rwanda, même si elle est ressortissante, elle devrait garder de la hauteur et rester au milieu sans prendre parti », a déclaré le Premier ministre congolais Sama Lukonde au micro de RFI.
Ce Sommet est pourtant un « succès » selon Louise Mushikiwabo:
Un « succès » personnel en tout cas, car la secrétaire générale de l’Organisation Internationale de la Francophonie, de nationalité rwandaise vient d’y être élue pour un deuxième mandat.
On notera aussi la très grande affluence populaire au village de la francophonie. Avec parfois 15 000 visiteurs par jour, il a été une ouverture sur le monde bienvenue pour des Tunisiens qui pâtissent d’une crise politique et économique intense.
Le prochain grand rendez-vous de la famille francophone en France aura lieu en 2024 dans la toute nouvelle Cité internationale de la langue française.
La Rédaction