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Tunisie : arrestation controversée de la dirigeante d'opposition Abir Moussi

Tunisie : arrestation controversée de la dirigeante d'opposition Abir Moussi
La présidente du Parti destourien libre, Abir Moussi

La présidente du Parti destourien libre, Abir Moussi, a été placée en détention provisoire le mardi 3 octobre 2023 après avoir été arrêtée devant le palais présidentiel à Tunis. Mme Moussi s'était rendue au palais pour déposer des recours contre des décrets présidentiels récemment publiés.

 

L'avocat de son parti, Maître Naoufel Bouden, a confirmé l'arrestation à l'AFP et a indiqué que les motifs de cette arrestation n'ont pas encore été communiqués.

 

Dans une interview accordée hier à la radio Shems FM, Karim Krifa, membre du Parti Destourien Libre, a déclaré que l'accusation d' « intention délibérée de perturber l'ordre public » retenue contre Abir Moussi est passible de la peine de mort en Tunisie. Selon M. Krifa, le fait que Mme Moussi soit détenue pendant 48 heures, détention renouvelable, prouve qu'elle est soupçonnée d'avoir enfreint la loi antiterroriste tunisienne.

 

M. Krifa a souligné par ailleurs que les avocats représentant Mme Moussi n'ont pas été autorisés à la rencontrer depuis son arrestation, à l'exception de Me Karim Mater, membre du barreau de Tunis. Selon lui, le fait que les conseils de la présidente du PDL se voient refuser l'accès à leur cliente est « très préoccupant et pose des questions sur le respect des droits de la Défense dans cette affaire. »

 

« Ce qui est arrivé à Mme Moussi relève d'un enlèvement perpétré devant le palais présidentiel. Elle est actuellement détenue dans les locaux d'un commissariat de police », a déclaré de son côté Me Nafaa Laribi, l'un des avocats de la présidente du PDL, cité par l'agence Reuters. Selon Me Laribi, l'arrestation musclée de Mme Moussi devant la présidence de la République s'apparente davantage à un rapt qu'à une interpellation légale.

 

D'après le procureur en charge du dossier, Mme Abir Moussi est accusée de plusieurs délits et crimes à savoir « tentative d'intrusion dans le palais présidentiel, appel à la désobéissance civile, agression contre des agents des forces de l'ordre, non-respect de l'interdiction de photographier des sites sensibles de l'État, et attaques contre les institutions étatiques ».

 

Hospitalisée après dégradation de son état de santé, la police a refusé de lui transmettre ses médicaments, comme l'a confirmé le dirigeant du PDL Karim Krifa à la radio Shems FM.


Dans une déclaration au journal L'Économiste, Sana Gheni, présidente de l'association Femmes et Leadership, estime que l'arrestation d'Abir Moussi s'inscrit dans la continuité des intimidations visant à réduire au silence les opposants politiques.

 

Elle ajoute : « Cette arrestation abusive d'une femme politique porte non seulement atteinte à l'exercice démocratique, mais aussi à l'État de droit. Mme Moussi n'est pas là pour créer des troubles, elle a simplement suivi une procédure légale en déposant des recours. Nous ne resterons pas sans réagir face à ces intimidations et préparons un plan d'action ».

 

De son côté, Ayda Ben Chaabane, militante de la société civile, souligne que cette arrestation pour soi-disant perturbation de l'ordre public est « hors contexte ». Elle rappelle que tout citoyen peut déposer plainte au bureau d'ordre de la présidence, et s'interroge sur les raisons de l'interdiction faite à Mme Moussi.

 

« Cela relève de l'intimidation pour l'empêcher de travailler, ce qui est intolérable. Je la soutiens en tant que femme politique et citoyenne ».

 

Dans un communiqué, le PDL a appelé à la libération immédiate de sa présidente, affirmant sa détermination à mener toute forme de combat pacifique pour la défendre. Le parti met en garde contre des tentatives d'entraver la candidature de Mme Moussi à la prochaine présidentielle.

 

Ex-députée, Abir Moussi est une opposante farouche au président Kais Saied et aux islamistes d'Ennahda. Elle revendique l'héritage de l'ancien président Ben Ali, renversé en 2011 lors de la révolution du Printemps arabe.



La rédaction 

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