Les familles de membres de l'opposition tunisienne arrêtés ont déposé mercredi, une plainte devant la Cour africaine des droits de l'homme et des peuples pour demander la libération immédiate de leurs proches, indiquent plusieurs médias.
Depuis début février, les autorités tunisiennes ont incarcéré plus de 20 opposants et des personnalités parmi lesquelles des ex-ministres, une répression condamnée par la communauté internationale et par les groupes de défense des droits humains.
Pour la fille de l'opposant politique Rached Ghennouchi, Yousra Ghannouchi, 45 ans, qui vit en Grande-Bretagne, les accusations portées contre l'ancien président du Parlement tunisien sont «politiquement motivées et fabriquées» et font partie d'une tentative de M. Saied pour «éliminer l'opposition», a-t-elle déclaré à l'AFP. Kais Saied avait de son côté affirmé que les personnes détenues étaient des «terroristes» impliqués dans un «complot contre la sûreté de l'État».
Avec d’autres proches des opposants détenus en Tunisie, elle a saisi la Cour africaine des droits de l’homme et des peuples. But de la manœuvre, obtenir la libération de ceux qu’elle considère comme des victimes du coup de force du président tunisien Kais Saied .
« Rached Ghennouchi est cité dans 9 affaires, il y a eu 120 heures d’interrogatoires, mais au final, malgré ces longues heures d’audition, il n’a été arrêté qu’à cause de sa pensée, dénonce Zeineb Brahmi, l’une de ses avocates. Il est en prison parce qu’il a appelé à l’unité nationale et la fin de l’autoritarisme. »
Alors que la mobilisation ne prend pas dans son pays, c’est vers l’international que ses proches se tournent. Notamment vers la Grande-Bretagne où la famille a vécu en exil pendant les années Ben Ali.
Là-bas, c’est sa fille Soumaya qui plaide la cause de son père auprès du Parlement britannique, en anglais et retransmis en direct - en arabe- sur la chaîne qatarie, Al Jazeera :
« Mon père qui a été président du plus grand parti a été arrêté chez lui. Des centaines de policiers ont pris notre maison d’assaut à la recherche de toute preuve pouvant le confondre. »
Depuis début février, plus de 20 opposants et autres personnalités politiques ont été arrêtés en Tunisie. Signe pour la fille du président du parti Ennahdha, d’un retour de la dictature dans le pays.
Ces arrestations et condamnations ont été qualifiées par les opposants de «coup d'État» et de retour à un régime autocratique dans la seule démocratie qui a émergé à la suite des soulèvements des Printemps arabes il y a plus de dix ans.
Le président du parti islamiste Ennahdha a été condamné, il y a une dizaine de jours, à un an de prison. Une peine qui suscite très peu de réactions en Tunisie où le mouvement est considéré, par une frange importante de la population, comme ayant privilégié ses intérêts plutôt que ceux du pays pendant la décennie post-révolutionnaire. Face à cette indifférence, ses proches multiplient les prises de parole et les contacts avec l’étranger pour redorer son image et demander sa libération.
La rédaction
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