C'est un rendez-vous chargé de symbole. Dix ans jour pour jour après l'assassinat de Chokri Belaïd, militant de gauche et opposant farouche aux islamistes tunisiens, la justice tunisienne examine à nouveau le dossier le 6 février 2023. Son assassinat le 6 février 2013 avait profondément choqué le pays et déclenché une grave crise politique dont la Tunisie se relève à peine.
La Chambre criminelle spécialisée dans les affaires terroristes a décidé de reporter au 6 février prochain l'examen de ce dossier ultra-sensible, a indiqué Me Imen Gzara, avocate de la défense. « Cela signifie que l'enquête est close et que l'affaire va être tranchée après avoir entendu nos plaidoiries ainsi que celles des accusés », a-t-elle précisé.
Si les six suspects arrêtés ont été identifiés comme étant les exécutants présumés, les commanditaires courent toujours dix ans après les faits. Le doute plane plus que jamais sur la responsabilité des dirigeants d'Ennahdha, le parti islamiste tunisien alors au pouvoir qui a toujours nié être impliqué.
La famille de Chokri Belaïd ne cesse de réclamer « la vérité » depuis 2013. Son frère Abdelmajid y voit un « bon signe » : « le report du procès pour entendre les plaidoiries montre que le dossier va être tranché ».
Même si l'assassin présumé Kamel Gadhgadhi a été tué en 2014 lors d'une opération policière, de nombreuses zones d'ombre demeurent. « Qui a commandité cet assassinat ? », s'interroge encore aujourd'hui son parti al-Watan.
La justice tunisienne saura-t-elle faire toute la lumière dix ans après ? Le rendez-vous judiciaire du 6 février 2023 devrait en tout cas marquer un tournant historique dans cette affaire hors norme.
Sophie K.
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