En Tunisie, la parole est désormais bâillonnée jusque dans les prétoires. Jaouhar Ben Mbarek, figure de l'opposition, en a fait l'amère expérience vendredi devant la cour d'appel de Tunis. Le militant du Front de salut national s'est vu refuser le droit élémentaire de prendre la parole pour assurer sa défense.
Convoqué par la justice à la demande du président de l'Instance électorale, Farouk Bouasker, Ben Mbarek n'a pu sortir un traître mot une fois à la barre. La juge l'a tout simplement réduit au silence, selon le récit de son avocate Dalila Ben Mbarek Msaddek.
“Jaouhar a été privé de parler, fulmine-t-elle. Pire, la magistrate a levé l'audience en prétendant qu'il avait lui-même entravé la plaidoirie de ses conseils !”. Une contre-vérité cinglante pour Me Msaddek, qui martèle : “Jaouhar n'a même pas été auditionné !”
S'il avait pu s'exprimer, le militant aurait sans doute dénoncé les conditions de son arrestation et de sa détention provisoire en février dernier. Un épisode qui avait déjà suscité une vague de protestations dénonçant une dérive autoritaire du régime.
Ce déni de justice en règle, rarissime même dans les pires dérives autoritaires, illustre la chape de plomb qui s'abat désormais sur les voix dissidentes en Tunisie. Depuis son coup de force de 2021, le président Saied accélère la répression contre tous ceux qui osent le défier.
La Rédaction