top of page

"Une famine généralisée à Gaza est pratiquement inévitable", prévient un responsable de l'ONU


Si rien n’est fait, une famine généralisée à Gaza est pratiquement inévitable, a prévenu mardi un haut responsable de l'ONU lors d'une réunion du Conseil de sécurité consacrée à l'insécurité alimentaire dans l'enclave palestinienne.


Le chef adjoint du Bureau des Nations Unies pour la coordination des affaires humanitaires (OCHA), Ramesh Rajasingham, a déclaré aux ambassadeurs que la situation à Gaza était grave, la quasi-totalité de la population étant obligée de compter sur « une aide alimentaire humanitaire terriblement inadéquate pour survivre ».


Il a dit qu’il y avait des risques que la situation empire. « Les opérations militaires, l'insécurité et les restrictions étendues sur l'entrée et la livraison des biens essentiels ont décimé la production alimentaire et l'agriculture », a-t-il ajouté.


« Les experts en sécurité alimentaire mettent en garde contre un effondrement total de l’agriculture dans le nord de Gaza d’ici mai si les conditions persistent, avec des champs et des actifs productifs endommagés, détruits ou inaccessibles », a souligné M. Rajasingham. « Beaucoup n’ont eu d’autre choix que d’abandonner leurs terres agricoles productives en raison des ordres d’évacuation et des déplacements répétés ».


Les hostilités ont provoqué des pénuries généralisées, de lourds dégâts aux infrastructures hydrauliques et une pénurie de produits et même d'opportunités de pêche, parallèlement à une faim croissante et à un risque imminent de famine, a-t-il déclaré, appelant à des solutions pour intensifier les livraisons d'aide humanitaire.


La famine est «presque inévitable» sans action

« La dure réalité, cependant, est qu'une réponse au niveau requis sera impossible sans une action immédiate et concertée des parties, du Conseil de sécurité, des autres États membres et de la communauté internationale dans son ensemble », a-t-il déclaré, ajoutant que la note soumise aux membres formule des recommandations en la matière.


À ce stade, très peu de choses seront possibles tant que les hostilités se poursuivront et qu'elles risquent de s'étendre aux zones surpeuplées du sud de Gaza, a-t-il dit, réitérant l'appel à un cessez-le-feu.


« Si rien n’est fait, nous craignons qu’une famine généralisée à Gaza soit presque inévitable et que le conflit fasse encore beaucoup plus de victimes », a-t-il déclaré.


Maurizio Martina, Directeur général adjoint de l'Organisation des Nations Unies pour l'alimentation et l'agriculture (FAO), a également dressé un sombre tableau de la situation à Gaza, à l'heure où au moins 378.000 de ses habitants connaissent la phase la plus grave d'insécurité alimentaire aiguë.


« Les principales conclusions sont troublantes », a-t-il prévenu, donnant un exemple des graves conséquences de la guerre, depuis un secteur de la pêche décimé, qui assurait des moyens de subsistance à plus de 100 000 habitants de Gaza, jusqu'à la mort généralisée du bétail suite aux frappes aériennes ou au manque d'eau et de fourrage.


Au 15 février, 46,2%de toutes les terres cultivées étaient estimées endommagées, a-t-il déclaré, soulignant que les infrastructures agricoles ont été dévastées, les niveaux de destruction les plus élevés incluant les fermes ovines et laitières.


Plus d'un quart des puits ont été détruits, notamment dans le nord de Gaza et dans la ville de Gaza, et 339 hectares de serres ont été détruits, les plus gravement dans la ville de Gaza, le nord de Gaza et à Khan Younis. La récolte des olives et des agrumes, qui constitue une importante source de revenus, a été fortement impactée par les hostilités.


Dans le même temps, de lourdes restrictions sur les livraisons d'aide ont rendu impossible toute opération humanitaire significative, a-t-il déclaré.


La cessation des hostilités et la restauration de l'espace humanitaire pour fournir une assistance multisectorielle et rétablir les services sont « des premières étapes essentielles pour éliminer le risque de famine », a affirmé M. Martina. « Une priorité essentielle est de rétablir un accès humanitaire sûr et durable dans toute la bande de Gaza et à tous ceux qui ont besoin d'une assistance vitale ».


En outre, les services de base doivent être rétablis, notamment les canalisations d'eau transfrontalières, les télécommunications, la distribution d'électricité et les établissements de santé, a-t-il déclaré.


Carl Skau, Directeur exécutif adjoint du Programme alimentaire mondial (PAM), a indiqué que le Comité d'examen de la famine a mis en garde contre une réelle perspective de famine d'ici mai, avec 500.000 personnes en danger si la menace se matérialise. Aujourd’hui, l’aide alimentaire est nécessaire à la quasi-totalité de la population, soit 2,2 millions de personnes.


« Gaza connaît le pire niveau de malnutrition infantile au monde », a-t-il déclaré. Un enfant de moins de deux ans sur six souffre de malnutrition aiguë.


Le PAM est prêt à étendre et à intensifier rapidement ses opérations en cas d'accord de cessez-le-feu. Une action immédiate est nécessaire pour permettre une augmentation considérable du volume de nourriture et d’autres fournitures humanitaires.


« Nous avons besoin d'un environnement opérationnel sûr et fonctionnel pour le personnel humanitaire, de l'ouverture du port d'Ashdod et du passage de Karni, d'un système de notification humanitaire fonctionnel et d'un réseau de communication stable », a-t-il dit. « Si rien ne change, une famine est imminente dans le nord de Gaza. Pendant ce temps, dans le sud de Gaza, le PAM et ses partenaires sont sur le terrain, livrant de la nourriture aux abris, aux camps de fortune et aux magasins ».


« Mais nous sommes incapables de fournir une nourriture régulière ou suffisante aux personnes qui en ont cruellement besoin », a déclaré le responsable du PAM.


Selon lui, « il est essentiel d’éviter une famine ». « Et cela nécessite bien plus que de simples approvisionnements alimentaires. Les services de base doivent également être rétablis, notamment les services de santé, les réseaux électriques et les canalisations d'eau et d'assainissement », a-t-il déclaré, ajoutant que l'Agence des Nations Unies d'assistance aux Palestiniens (UNWRA) est la seule organisation capable de superviser et de gérer ces infrastructures vitales à Gaza.


« Mais il n’en demeure pas moins que sans un accès sûr et considérablement élargi, les travailleurs humanitaires ne peuvent pas organiser une opération de secours à l’échelle requise pour inverser la grave crise humanitaire qui sévit actuellement à Gaza », a souligné M. Skau.


Lire le résumé complet de la réunion du Conseil de sécurité ici


La rédaction/Agences

20 vues
bottom of page