top of page

Une militante de Jil Jadid écope de prison ferme pour avoir critiqué le maire de Fouka

  • cfda47
  • 31 mai
  • 3 min de lecture

Naïma Abbad découvre sa condamnation dans une salle d'audience de Tipaza. Une année de prison ferme pour avoir osé critiquer publiquement la gestion de sa commune. Cette secrétaire nationale et coordinatrice départementale du parti Jil Jadid vient de payer le prix fort pour avoir exercé ce que beaucoup considèrent comme un droit citoyen élémentaire.


Pendant des années, Naïma Abbad a documenté les dysfonctionnements de sa ville. Armée de son téléphone portable, elle filmait et partageait sur les réseaux sociaux les preuves d'une gestion défaillante. Dans un communiqué publié sur sa page Facebook, Jil Jadid précise qu'elle « avait l'habitude de publier des vidéos sur les réseaux sociaux pour alerter les autorités locales sur les aspects catastrophiques de la gestion, que ce soit concernant la détérioration de la propreté publique, ou des projets locaux suspects qui ont défiguré le centre-ville ».


Ces publications, loin d'être des attaques personnelles, visaient à interpeller les responsables locaux. Elles montraient une réalité que tout habitant de Fouka pouvait constater : un centre-ville « rendu inutilisable depuis des années » par des projets mal conçus, des problèmes d'hygiène publique non résolus.


L'embarras d'un maire transformé en plainte

La réaction du président de l'Assemblée populaire communale de Fouka révèle une approche particulière de la gestion des critiques. Plutôt que de répondre aux problèmes soulevés, il a choisi de porter plainte contre celle qui les dénonçait. Le parti de Naïma Abbad dénonce cette logique : « Au lieu d'assumer ses responsabilités et de traiter les vrais problèmes, il s'est caché derrière son poste pour se venger d'une femme honorable et patriote ». 


Pa ailleurs, la rapidité de la procédure surprend autant que sa sévérité. Une audience en flagrant délit, une condamnation immédiate à un an de prison ferme. Pourtant, les motifs de cette condamnation restent flous. Comme le souligne le communiqué, « Madame Abbad n'a été accusée ni de corruption, ni de détournement, ni d'aucun dépassement financier, mais elle a été condamnée à la prison parce que le maire s'est senti gêné ».


Cette disproportion entre l'acte reproché et la sanction prononcée interroge sur l'utilisation de l'appareil judiciaire. Peut-on réellement justifier une peine de prison pour des critiques publiques, même virulentes, adressées à un élu ?


Au-delà du cas personnel, une méthode qui se répand

L'affaire Naïma Abbad n'est pas un incident isolé. Le parti Jil Jadid observe que « l'affaire de Madame Abbad n'est pas un cas isolé, elle n'est pas la première, et il semble malheureusement qu'elle ne sera pas la dernière ». Cette multiplication des poursuites contre les voix critiques dessine un paysage préoccupant pour l'expression démocratique.


Cette tendance produit des effets pervers sur la participation citoyenne. Quand critiquer devient risqué, l'autocensure s'installe naturellement. Les citoyens hésitent à signaler les dysfonctionnements, les militants politiques mesurent leurs mots, l'espace de débat se rétrécit progressivement.


La stratégie de répression des critiques produit l'effet inverse de celui recherché. Au lieu d'apaiser les tensions, elle les exacerbe. Le communiqué de Jil Jadid met en garde : « Les pressions exercées sur les militants, le bâillonnement des médias, et l'instrumentalisation de la justice pour réprimer l'action politique ne présagent pas de la stabilité, mais mènent à la frustration de la nation et sèment les graines de la contestation ».


Cette logique punitive empêche également l'amélioration de la gestion publique. Comment corriger les défaillances si ceux qui les signalent sont poursuivis ? Comment maintenir un dialogue constructif entre élus et citoyens si la critique devient un délit ?


Face à cette dérive, Jil Jadid affiche sa solidarité totale avec sa militante. Le parti « refuse et condamne cette approche répressive contre les citoyens, et exprime son soutien complet et effectif à Madame Naïma Abbad face à ce jugement injuste et douloureux ».


En effet, l'affaire Naïma Abbad révèle un glissement dangereux : celui qui transforme le contrôle citoyen en délit. Dans une démocratie saine, les élus rendent compte de leur action aux citoyens. Inverser cette logique en poursuivant ceux qui demandent des comptes menace les fondements mêmes du pacte démocratique.


Sophie K

Commentaires

Noté 0 étoile sur 5.
Pas encore de note

Ajouter une note
bottom of page