Censure du livre “Les derniers jours de Muhammed” : Nouvelle saisie à Béjaïa

À Béjaïa, la direction du commerce vient de procéder à la saisie du livre “Les derniers jours de Muhammed” de Hella Ouardi à la librairie Gouraya. L'annonce a été faite par Arezki Ait Larbi, directeur des éditions Koukou, sur sa page Facebook, dénonçant avec ironie une censure motivée par des raisons religieuses.

Les autorités justifient cette saisie par des motifs révélateurs : l'ouvrage serait “non conforme aux enseignements de notre religion” et contiendrait des “idées empoisonnées”. Une formulation qui témoigne d'une volonté de contrôler la narration historique et intellectuelle.

Cette saisie n'est pas un événement isolé, mais s'inscrit dans un historique de censure persistant. Dès 2018, une première tentative de saisie avait été observée lors du Salon International du Livre d'Alger (SILA). En 2022, l'ouvrage faisait partie d'une liste de 12 livres interdits, une décision notifiée verbalement par des douaniers, sans documentation officielle.

L'ouvrage de Hella Ouardi, une chercheure tunisienne, propose une reconstitution minutieuse des derniers moments du prophète Muhammad à Médine en juin 632. Sa singularité réside dans une approche historique rigoureuse, s'appuyant sur des sources sunnites et chiites, qui démystifie les récits traditionnels.

Le livre décrit une période de fragilité politique, révélant Muhammad comme un homme confronté à des menaces multiples. Il détaille notamment sa maladie mystérieuse de mai 632, les circonstances troublantes de son décès, et les manœuvres politiques entourant son enterrement tardif.

Cette approche critique, qui replace le prophète dans son contexte historique, semble déranger les autorités. Depuis 2024, les éditions Koukou restent interdites de participation au SILA, confirmant une volonté de marginalisation intellectuelle.

La saisie récente à Béjaïa n'est donc que la manifestation la plus récente d'une politique de censure qui vise à contrôler les narratifs historiques et religieux. Elle illustre les tensions persistantes entre une recherche académique rigoureuse et des approches plus conservatrices de l'histoire religieuse.

La Rédaction