Justice: Un verdict historique dans l'affaire du féminicide de Chaïma

Le tribunal de Boumerdès a rendu un verdict sans précédent dans l'une des affaires criminelles les plus bouleversantes de ces dernières années en Algérie. Abdesslam Bouchlaghi a été condamné à la peine capitale pour le meurtre atroce de Chaïma Saadou, 19 ans, tandis que son complice écope de 25 ans de prison ferme.

Cette affaire, qui avait secoué l'opinion publique algérienne en octobre 2020, révèle la tragique trajectoire d'une adolescente victime d'un prédateur récidiviste. En 2016, Chaïma, alors âgée de 16 ans, avait courageusement porté plainte contre Bouchlaghi pour agression sexuelle. Une démarche qui, tragiquement, n'a pas suffi à la protéger.

Le 1er octobre 2020, dans une station-service abandonnée de Thenia, à 60 kilomètres d'Alger, Bouchlaghi a commis l'irréparable. Les chefs d'accusation sont accablants : homicide volontaire avec préméditation, guet-apens, actes de torture, et viol aggravé. La victime a été violentée, poignardée, puis son corps brûlé jusqu'à devenir méconnaissable.

L'affaire avait déclenché une vague d'indignation nationale, cristallisée autour du hashtag #JeSuisChaima, et ravivé le débat sur la peine capitale en Algérie. Si le pays observe un moratoire sur les exécutions depuis 1993, le président Tebboune a récemment ordonné l'application des peines maximales pour les crimes d'enlèvement, sans possibilité d'allègement ou de grâce.

Ce verdict historique intervient dans un contexte où seulement 4% des féminicides en Algérie trouvent une réponse judiciaire. Il marque un tournant dans le traitement judiciaire des violences faites aux femmes, tout en soulevant la question complexe de la peine de mort, que les défenseurs des droits humains considèrent comme "une sanction non moderne et non dissuasive."

Le cas de Chaïma Saadou, devenu symbole de la lutte contre les violences faites aux femmes en Algérie, illustre tragiquement les failles d'un système judiciaire face à la récidive criminelle et pose la question cruciale de la protection effective des victimes de violences sexuelles.

Sophie K.