L’ancien chef de l’Etat, qui a dirigé le pays de 2008 à 2019, est accusé d’avoir abusé du pouvoir afin d’amasser une fortune immense, estimée à 67 millions d’euros.

L’ex-président Mauritanien, Mohamed Ould Abdel-Aziz, 66 ans, est jugé à Nouakchott avec neuf autres accusés pour « enrichissement illicite », « abus de fonction », « trafic d’influence » et « blanchiment ». Son procès s’est ouvert hier, mercredi.
Un moment de justice exceptionnel en Afrique, où les anciens chefs d’Etat ont très rarement des comptes à rendre sur la fortune personnelle acquise au cours de leurs mandats. Encore moins quand leurs successeurs sont aussi leurs dauphins, comme dans le cas mauritanien.
A l’appel de son nom, l’homme en boubou blanc s’est levé et a fait un signe de la main depuis le box des accusés aux allures de cage métallique, plongé dans la pénombre. L’ex-président Mohamed Ould Abdel-Aziz doit justifier sa fortune.
Après onze ans passés à la tête du pays, le général porté au pouvoir par un putsch en 2008, puis élu président l’année suivante et réélu en 2014, avait cédé la place à l’un de ses plus fidèles compagnons, son ancien chef d’état-major Mohamed Ould Ghazouani, en 2019.
Contre toute attente, ce passage de témoin organisé entre les deux militaires n’a pas empêché Mohamed Ould Abdel-Aziz de se retrouver dans le collimateur de la justice mauritanienne.
La justice mauritanienne a fait arrêter l’ancien président, mardi 24 janvier, à la veille d’un procès où il est accusé d’avoir abusé du pouvoir afin d’amasser une fortune immense, a indiqué un de ses avocats. Après lui avoir demandé de se présenter à la police – ce que ses avocats ont refusé –, les policiers « sont venus le chercher chez lui » à Nouakchott avec un mandat, a dit à l’AFP Me Ciré Cledor Ly. Il a donc du passer la nuit en détention avant l’ouverture de son procès mercredi matin, a ajouté l’avocat. Son arrestation a eu lieu sans incident, a-t-il dit.
D’autres co-accusés ont également été convoqués par la police, ce qui laisse supposer que tous les mis en cause devaient être placés en détention en vue du procès.
M.Ould Abdel-Aziz, qui a dirigé la Mauritanie de 2008 à 2019, ainsi qu’une dizaine d’anciens premiers ministres, ministres et des hommes d’affaires, doivent répondre devant le tribunal de multiples chefs d’accusation, dont « enrichissement illicite », « abus de fonctions », « trafic d’influence » ou « blanchiment ». Ils sont soupçonnés de malversations dans la passation de marchés publics ou la cession du domaine immobilier et foncier de l’Etat.