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Projet de loi: Chronique d’une mort annoncée du cinéma algérien

Le projet de loi sur le cinéma, discuté à l'assemblée nationale le 4 mars et désormais en débat au sénat depuis mardi, suscite de vives critiques.


L'APS « Agence de presse et service », connue pour sa langue de bois, tente une fois de plus de présenter le projet de manière positive, en mettant en avant des prétendus bienfaits et avantages illusoires de cette future loi.


Pourtant, en réalité, ce projet de loi présente un aspect répressif inquiétant, en imposant des mesures restrictives visant à satisfaire les islamistes, les conservateurs et les moralistes.


Sous couvert d'encourager le cinéma national et de protéger la culture, ce texte semble bien restreindre la liberté d'expression et de création des cinéastes.


De nombreux acteurs de la scène culturelle nourrissaient l’espoir que le projet de loi, perçu comme rétrograde et adopté par l’Assemblée nationale, ferait l’objet d’une révision substantielle au Sénat.


Cependant, à leur grand désarroi, ils constatent que les débats des sénateurs sont empreints de la même mentalité conservatrice.


Au fil des débats parlementaires dans les deux chambres, la communauté artistique et culturelle a été stupéfaite et consternée d’entendre des discours qui, sans équivoque, résonnaient avec des tonalités « islamistes » « salafistes » et « extrémistes ».


Ces propos, tenus sans la moindre gêne, ont ravivé des souvenirs amers des années 90, une période que beaucoup pensaient révolue.


Cette situation a suscité une onde de choc


Cette croyance en une idylle démocratique s’avère être une illusion qui, inévitablement, conduit à la désillusion et au désenchantement.


Ce qui gêne énormément les créateurs cinématographiques ce sont les nombreuses restrictions très générales concernant le respect « des exigences de l’unité nationale, de la sécurité et de la défense nationales, de se conformer à la référence religieuse nationale et de ne pas porter atteinte aux autres croyances ou religions , de respecter les valeurs et les symboles de l’Etat tels que définis par la Constitution, de promouvoir la citoyenneté et le dialogue, de respecter les exigences liées à la morale publique et à l’ordre public ».


Sur les réseaux sociaux, un vent de nostalgie souffle parmi les Algériens. Ils partagent avec émotion les affiches de films d’antan, des trésors des années 70 et 80, tels que «L’inspecteur Tahar» et «Le vent du Sud », œuvres nées d’une époque de liberté créative.


Ils évoquent aussi avec fierté « Chronique des années de braises » de Lakhdar Hamina, le seul joyau algérien et arabe ayant été couronné à Cannes.


Ces souvenirs précieux, témoins d’une ère révolue, sont désormais les seuls refuges pour les yeux humides de ceux qui pleurent un présent qui a perdu de son éclat, et un avenir qui semble s’annoncer sombre et désolé.

Les archives de la cinémathèque deviennent un sanctuaire, un lieu de pèlerinage pour ceux qui cherchent à conjurer le spectre d’un futur incertain.


Yacine M

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