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Tunisie: la chape de plomb judiciaire s'abat sur les avocats des prisonniers politiques

La situation des droits humains en Tunisie ne cesse de se dégrader
La situation des droits humains en Tunisie ne cesse de se dégrader

La situation des droits humains en Tunisie ne cesse de se dégrader. Les avocats de la défense des prisonniers politiques sont désormais dans le collimateur de la justice.


Deux d'entre eux, Mes Islam Hamza et Dalila Msadek, ont été convoqués devant le juge d'instruction pour avoir «divulgué publiquement une affaire en cours d'instruction» et «imputé à un fonctionnaire public des faits illégaux». Leur tort ? Avoir demandé l'audition de diplomates étrangers cités dans le cadre de l'affaire dite de « complot contre la sûreté de l'État ».


Le Comité de défense des accusés a en effet adressé une demande écrite au juge d'instruction pour entendre plusieurs diplomates, dont l'ambassadeur de l'UE en Tunisie, Marcus Cornaro. Or, le ministère public avait déjà innocenté tous les diplomates concernés en avril. Malgré cela, le juge d'instruction oppose un refus systématique aux demandes de libération. Le motif invoqué est gravissime : «établir des communications avec les agents d’un État étranger dans le but de nuire à la situation de la Tunisie sur le plan diplomatique» et «commettre des actes criminels contre le chef de l’État ainsi que d’y participer ».


Ces accusations sans fondement démontrent la volonté du pouvoir tunisien d'étouffer toute voix dissidente. En demandant l'audition de témoins clés, ces avocats ne font qu'exercer pleinement leur mission fondamentale de défense, pierre angulaire d'une justice équitable et du droit à un procès juste.


Pourtant, comme le rappelle le Comité pour le respect des libertés et des droits de l’Homme en Tunisie (CRLDHT) dans un communiqué daté du 30 septembre 2023, «le droit de la défense est systématiquement bafoué et les avocats devenus la cible de harcèlement ». L'arbitraire judiciaire est devenu «la norme en Tunisie» selon le CRLDHT, et «la justice réduite à une justice aux ordres».


Le CRLDHT rappelle également dans ce communiqué que «le porte-parole du Pôle judiciaire avait annoncé, le 17 juin 2023, la décision du juge d’instruction du bureau 36 chargé des affaires de complot contre la sûreté de l’État d’interdire toute information, débat ou traitement concernant lesdites affaires en prétextant de la garantie du bon déroulement de l’enquête, de la confidentialité de l’instruction et de la protection des personnes concernées


En outre, le CRLDHT indique que lors de la réunion publique de soutien aux familles des prisonniers politiques organisée le 28 septembre 2023 à Paris, «les familles des prisonniers politiques ont raconté le calvaire que vivent les détenus et la souffrance qu'elle engendre pour leurs proches depuis maintenant plus de sept mois».


Cette convocation des avocats de la défense marque une nouvelle étape dans la répression des voix dissidentes en Tunisie. Aussi, le CRLDHT appelle à constituer «un large front de soutien à tous les prisonniers politiques, réunissant l'ensemble des forces démocratiques, de la société civile et des différentes sensibilités politiques», pour mettre fin à «cette situation totalement inique» et au «déni des droits humains fondamentaux dans ce pays



Sophie K.

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