Le samedi 30 mars, le CPMDH-Oran, Centre pour la mémoire et l’étude des Droits de l’Homme, a tenu une rencontre sur le thème des “paysages migratoires algériens, une réalité complexe”.
La conférence a été animée par la chercheuse Nabila Moussaoui, une universitaire en sciences politiques avec une spécialisation en anthropologie des migrations. L’événement visait à approfondir la compréhension des dynamiques migratoires en Algérie, un sujet d’une grande complexité et d’une actualité brûlante.
Dès le début de son exposé, Nabila Moussaoui a clarifié le champ d’étude en proposant une nouvelle définition de la migration. Elle dépasse les cadres établis par les États-Nations, l’Organisation Internationale pour les Migrations (OIM) ou même les concepts des droits de l’Homme, pour la présenter comme un simple « acte de partir ».
Cette action, qui traduit le désir de se rendre ailleurs, entraîne inévitablement la transgression des frontières.
Poursuivant son analyse, elle a offert une relecture de la notion de frontière, s’éloignant de l’acception classique qui la considère comme une limite territoriale ou une barrière.
Selon elle, la frontière est plutôt à envisager comme un espace vivant et dynamique, dont l’une des conséquences directes est la marginalisation des individus et des groupes qui s’y trouvent.
Cette perspective anthropologique apporte un éclairage nouveau sur les interactions humaines et les réalités sociales aux confins des territoires.
Dans le cadre de sa recherche, Nabila Moussaoui a plongé ses mains, bravant la chaleur du terrain pour sa quatrième publication sur les migrations. Depuis le début de son magister jusqu’à son doctorat, elle a tissé une toile d’enquêtes minutieuses, traversant les milieux migratoires de l’Algérie aux confins subsahariens, jusqu’aux portes de l’Europe.
Au commencement, elle arborait l’insigne de chercheuse, mais cette étiquette la confondait avec les autorités, brouillant les pistes de la confiance. Face à cette impasse, elle s’est mise dans la peau d’une aspirante à l’exode, n’hésitant pas à frayer avec les réseaux clandestins et à arpenter les ruelles des quartiers oubliés.
Dans ces antres de l’ombre, elle a recueilli, avec une empathie silencieuse, les récits bruts et les espoirs écorchés de ceux qui osent rêver d’ailleurs.
C’est avec une plume trempée dans l’encre de l’expérience et de l’empathie que Nabila Moussaoui a su tracer les contours des nombreux visages qui peuplent ses études. Elle n’a pas seulement établi des portraits, mais a véritablement donné vie à des histoires, des trajectoires de vie marquées par l’acte de migration.
Chaque portrait est une fenêtre ouverte sur une âme, une psyché façonnée par les circonstances et les rêves. Nabilla a su capter l’essence de ces personnages, allant au-delà des apparences pour révéler les motivations profondes, les espoirs et les craintes qui animent ces hommes et ces femmes dans leur quête d’un avenir meilleur.
Elle a dressé des profils psychologiques nuancés, mettant en lumière la résilience face à l’adversité, la force intérieure qui pousse à franchir des frontières bien plus complexes que de simples lignes sur une carte. Ces profils sociaux, tissés d’interactions et d’influences mutuelles, dessinent une cartographie humaine où chaque chemin est unique, mais où tous sont liés par un fil commun : la recherche d’une vie digne et épanouie.
À travers son travail, Nabila Moussaoui offre une lecture riche et diversifiée des dynamiques migratoires, invitant à une réflexion plus profonde sur les enjeux contemporains de la migration.
Yacine M
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