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Comment l'Arabie saoudite s'achète des célébrités pour faire oublier le meurtre de Jamal Khashoggi


l'éditorialiste saoudien du Washington Post Jamal Khashoggi
L'éditorialiste saoudien du Washington Post Jamal Khashoggi

Le Fonds d'Investissement Public de l'Arabie saoudite met à disposition d'énormes sommes pour le recrutement des stars du football. Nombreuses sont celles qui ont pu rejoindre la Saudi Pro League dernièrement. Et ce n'est pas près de s'arrêter. Les investissements saoudiens s’inscrivent, dans une politique de long terme qui dépasse très largement le sport.


Alors que le prince héritier Mohammed Ben Salman (MBS), considère l’affaire classée, les proches du journaliste saoudien, Jamal Khashoggi, assassiné en Turquie réclament toujours que justice soit faite.


« Cinq ans après le meurtre choquant de l'éditorialiste saoudien du Washington Post Jamal Khashoggi, l’Arabie Saoudite a échappé à l'obligation de rendre des comptes", dénonce RSF.


Depuis cinq ans, de nombreuses enquêtes médiatiques et institutionnelles ont révélé l’identité des meurtriers, et attribué la responsabilité du crime à Mohammed Ben Salman, prince héritier et premier ministre d'Arabie saoudite.


« Cinq ans après l’assassinat brutal de Jamal Khashoggi, qui a provoqué une onde de choc dans le monde entier, la voie de la justice pour ce meurtre reste totalement bloquée. Aucune enquête pénale indépendante et impartiale sur le rôle joué par de hauts responsables saoudiens n’a encore été menée. Au contraire, la répression implacable de la liberté d’expression se poursuit dans le pays, en toute impunité.», a déclaré Agnès Callamard, secrétaire générale d’Amnesty International.


« La disparition forcée, la torture et l’exécution extrajudiciaire de Jamal Khashoggi sont des crimes relevant du droit international, qui doivent sans délai faire l’objet d’une enquête et donner lieu à des poursuites, que n’importe quel État peut engager en vertu de la compétence universelle. Il est déplorable que la communauté internationale, au lieu de faire pression pour que justice soit rendue dans cette affaire, continue de dérouler le tapis rouge aux dirigeants saoudiens à chaque occasion, privilégiant les intérêts diplomatiques et économiques au détriment des droits humains. »


Amnesty International demande qu’une enquête internationale, indépendante et impartiale soit menée sur l’homicide de Jamal Khashoggi afin d’identifier toutes les personnes impliquées dans ce crime, quel que soit leur rang ou leur statut, et de traduire en justice tous les responsables présumés dans le cadre de procès équitables.


De son coté, le Royaume s’achète des célébrités pour blanchir son image, détourner l’attention, et a fait son retour au cœur de la scène politique internationale.


En Novembre 2022, le gouvernement américain a adressé une recommandation au tribunal qui instruit une procédure civile contre le prince engagée par la veuve du journaliste assassiné.


Poursuivi au civil devant un tribunal américain pour le meurtre du journaliste Jamal Khashoggi, le prince héritier d’Arabie saoudite Mohammed Ben Salman bénéficie d’une immunité judiciaire, a estimé le gouvernement des Etats-Unis dans un document déposé le 18 novembre 2022.


« Les Etats-Unis informent respectueusement le tribunal que le défendeur Mohammed Ben Salman, premier ministre du royaume d’Arabie saoudite, est le chef de gouvernement en exercice et, par conséquent, bénéficie d’une immunité contre ces poursuites », est-il écrit dans cet argumentaire signé par l’administration du président américain, Joe Biden.


En réaction à la communication de l’exécutif américain, la fiancée du journaliste a protesté sur Twitter : « Jamal est mort une deuxième fois aujourd’hui », a-t-elle écrit, ajoutant : « Personne ne s’attendait à une telle décision. Nous pensions que peut-être la justice des Etats-Unis apporterait sa lumière. Mais, encore une fois, l’argent a parlé le premier. »


Les tribunaux américains accordent l’immunité aux chefs d’Etat et autres dirigeants étrangers de haut rang. Or le prince, surnommé MBS, a été nommé premier ministre à la fin de septembre de la même année , ce qui laisse supposer qu’il cherche à se prémunir de plaintes déposées devant des tribunaux étrangers, et notamment de l’action au civil lancée à Washington par Hatice Cengiz, la fiancée turque du journaliste assassiné dans le consulat du royaume à Istanbul le 02 Octobre 2018.



L’enquête menée par le « Projet Pegasus » permet d’affirmer que les téléphones de plusieurs proches de l’opposant saoudien ont été infectés par le logiciel espion avant et après le meurtre de celui-ci, à Istanbul en 2018. Une analyse technique démontre même la présence de ce logiciel espion dans le téléphone de deux femmes proches du journaliste quelques jours après l’assassinat.


NSO Group, l’entreprise israélienne qui commercialise ce logiciel espion ultrasophistiqué, a toujours affirmé que son outil n’avait jamais été utilisé pour surveiller M. Khashoggi ou sa famille. Pourtant, le téléphone d’Hanan El-Atr, une hôtesse de l’air égyptienne dont M. Khashoggi était tombé amoureux, a fait l’objet de tentatives d’infections par Pegasus. Quatre SMS contenant des liens qui, en cas de clic, auraient permis au logiciel espion de pénétrer le téléphone, lui ont été envoyés en novembre 2017 et en avril 2018, plusieurs mois avant l’assassinat de Jamal Khashoggi. En raison de limitations techniques propres à Android, le logiciel qui équipe son téléphone, il n’a pas été possible de déterminer si l’appareil avait été réellement infecté.


Pegasus peut non seulement aspirer le contenu d’un téléphone, mais aussi le transformer, de manière invisible, en micro.


L'Arabie Saoudite enchaîne les grands coups depuis le début de l'année 2023 !


Les autorités saoudiennes ont clos l’affaire Jamal Khashoggi en 2019 après que huit personnes ont été déclarées coupables à l’issue d’un procès à huis clos manquant de crédibilité et de transparence.


Le rapport de l’ONU publié en juin 2019 par la rapporteuse spéciale des Nations unies sur les exécutions extrajudiciaires, sommaires ou arbitraires, à l’époque Agnès Callamard, a conclu que Jamal Khashoggi a été victime d’« une exécution extrajudiciaire pour laquelle l’État d’Arabie Saoudite est responsable aux termes du droit relatif aux droits humains ».


Depuis le meurtre de Jamal Khashoggi, les autorités en Arabie saoudite, sous la houlette du prince héritier Mohammed ben Salmane (MBS), ont intensifié leur campagne de répression d’une ampleur et d’une portée sans précédent.


Le 9 juillet dernier, elles ont condamné à mort un enseignant à la retraite qui avait contesté les politiques gouvernementales sur la plateforme de réseaux sociaux X (anciennement Twitter). Placé en détention à l’isolement dans la prison de Dhahban, non loin de Jeddah, pendant quatre mois, le retraité de 54 ans n’a pas été autorisé à contacter sa famille et à accéder à un avocat. Il n’a été autorisé à contacter sa famille qu’après son transfert dans la prison d’al Ha’ir à Riyad, quatre mois environ après son arrestation.


« Les autorités saoudiennes ont dépensé plusieurs milliards de dollars pour tenter de redorer leur image, mais aucune somme d’argent, aussi gigantesque soit-elle, ne permettra de faire oublier à quel point le pays est devenu répressif. La peine de mort infligée à Mohammad bin Nasser al Ghamdi, qui n’est suivi au total que par 10 personnes sur ses comptes Twitter anonymes et qui a simplement été accusé d’avoir exprimé ses opinions sur les réseaux sociaux, est totalement absurde. », déplore Amnesty International.


« Un nouveau pas a été franchi en ce qui concerne la répression qu’exerce le pays contre toute forme de dissidence », a déclaré Philip Luther, directeur de la recherche et des actions de plaidoyer du programme Afrique du Nord et Moyen-Orient d’Amnesty International. « Il est impossible de croire que les autorités saoudiennes tiennent vraiment à mettre en place des réformes quand on constate qu’elles continuent d’exécuter des personnes en violation du droit international, notamment avec l’exécution de mineurs délinquants et de personnes condamnées à l’issue de simulacres de procès simplement parce qu’elles s’étaient opposées au gouvernement. »




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