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Algérie: Comment réviser le système des subventions sans créer d’injustice ni de troubles sociaux?

Face aux critiques du gouvernement et des économistes libéraux, le système des subventions généralisé est menacé d’extinction.


L’objectif est de repérer les personnes en situation de précarité pour leur verser une compensation directe et de supprimer ces transferts sociaux qui profitent aussi aux Algériens qui n’en ont pas besoin.


La politique des subventions, qui devait être revue au second semestre 2021, est une question cruciale et urgente. Comment tolérer que les riches profitent des mêmes avantages que les pauvres, alors que ces derniers ont tant besoin du soutien de l’Etat ?


C’est une aberration et une injustice qu’il faut corriger au plus vite. Le gouvernement s’attelle à cette tâche depuis deux ans, afin de garantir une répartition plus équitable et plus efficace de cette aide.


Mais comment cibler les bénéficiaires de cette aide, alors que les données statistiques et la vision stratégique font défaut ?


Qui sont les nécessiteux, les pauvres, les indigents ? Comment les distinguer selon leurs revenus ou leur situation globale ? Autant de questions qui rendent complexe la révision de ce dispositif.


Chaque année, l’Algérie consacre une somme colossale de 5 000 milliards de dinars aux transferts sociaux, soit l’équivalent de 36.5 milliards de dollars au taux de 137 dinars le dollar. Quelle générosité, dirait-on, si l’on compare avec la France, pays réputé pour son capitalisme, qui a déboursé en 2021 la modique somme de 834 milliards d’euros, soit 120 930 milliards de dinars, soit quatre fois plus que l’Algérie. Mais il faut dire que la France ne compte que 20 millions d’habitants de plus que l’Algérie, mais qu’elle leur accorde quatre fois plus d’aides sociales.


Le ministre des Finances, Laaziz Faid, a exposé, avant- hier, devant le Conseil de la nation, le projet de loi de finances rectificatif 2023 et a évoqué la réforme du système des subventions, qu’il a qualifiée de «complexe et sensible» et qui est à l’étude au sein du gouvernement.


Depuis les années 2000, les gouvernements se sont relayés pour annoncer la fin des transferts sociaux, mais ils ont toujours reculé devant le risque de troubles sociaux. Ils ont aussi échoué à dresser un portrait fidèle des personnes en situation de détresse. Ce ne sont que des paroles en l’air, sans suite ni conséquence.


Cette réforme, qui se heurte à de nombreux obstacles techniques et politiques, est-elle vraiment réalisable et souhaitable ? N’y a-t-il pas un risque de créer plus d’inégalités et de mécontentement dans une société déjà fragilisée par la crise économique ? Le débat est loin d’être clos.


Yacine M

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