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Crash au Mali d’un vol Air Algérie en 2014: La veuve de Frédéric Tricot réclame "justice"


© Photo NR Alexis Couturier

C'était il y a 9 ans… Le 24 juillet 2014, le vol AH5017 d'Air Algérie s'écrasait en plein Sahel, dans le nord du Mali. Le bilan est alors de 116 morts, dont 54 Français. Hier, lundi 24 juillet 2023, un rassemblement a eu lieu dans le parc de Bercy à Paris, où une allée a été nommée en mémoire des victimes. Les familles des victimes se disent déçues de la suspension du procès, initialement prévu pour octobre.



Un hélicoptère de l'armée française se pose à proximité du site du crash du vol Air Algérie, le 25 juillet 2014 dans le nord du Mali. Reuters/ECPAD


La compagnie Swiftair devait être jugée en octobre 2023 suite au crash au Mali d’un vol Air Algérie en 2014, qui avait fait 116 morts dont l’élu vendômois Frédéric Tricot. Mais le procès vient d’être ajourné. Une immense frustration pour les familles de victimes.


Le 24 juillet 2014, Frédéric Tricot, élu municipal décède dans le crash du vol AH5017 d’Air Algérie au nord du Mali. Sa veuve, Sandrine Tricot réclame encore "justice".


Elle a même recommencé à voir une psychologue. « Neuf ans ont passé. Comment vous expliquez à vos proches, à votre famille, à votre employeur, à vos collègues, que l'émotion ressurgit ? Il y a 9 ans, tout le monde était dans une empathie naturelle. Aujourd'hui, la vie a repris et c'est normal et j'ai vraiment peur que ce procès vienne de nouveau me déstabiliser. On avait une échéance et on la voit s'envoler cette échéance. Donc forcément, c'est compliqué », dit-elle aux médias.

L’incertitude et l’attente. C’est ce que vivent les proches des 116 victimes du vol AH5017 d’Air Algérie qui s’est écrasé au nord du Mali le 24 juillet 2014, victimes parmi lesquelles on comptait 54 Français dont l’élu vendômois Frédéric Tricot et le directeur des services techniques de la ville Patrick Scellier.

Le procès pour homicides involontaires de la Swiftair, compagnie espagnole qui louait cet avion à Air Algérie, devait se tenir du 2 au 26 octobre 2023 à Paris. Mais il a été ajourné, suite à une audience préliminaire qui s’est tenue le 8 juin : les avocats de la Swiftair, arguent qu’une décision judiciaire espagnole a déjà accordé un non-lieu à la compagnie.

L’ajournement du procès vécu comme « une maltraitance »

L’enquête des juges français, qui soupçonnent d’importants manquements dans la formation des pilotes, avait pourtant, elle, abouti à une mise en examen de la Swiftair en 2017. C’est désormais la Cour de justice européenne qui dira si un procès français peut ou non, se tenir. Pour Sandrine Tricot, veuve de Frédéric Tricot, vice-présidente de l’association « AH5017 - Ensemble » et vice-présidente de la Fédération nationale des victimes des attentats et accidents collectifs, ce report sine die* du procès est vécu comme « une forme de maltraitance ». « Après neuf ans, on avait enfin la possibilité de poser des mots. Cela n’aurait pas fait revenir les nôtres. Mais ça nous aurait permis de nous exprimer. » Cet ajournement a aussi des conséquences pratiques. « On s’était tous organisés pour pouvoir participer au procès. On avait posé des congés, on s’était préparés psychologiquement. ».


« Il y a forcément des responsables »


Sandrine Tricot et les associations au sein desquelles elle est impliquée, demandent désormais à la Swiftair de « prendre ses responsabilités ». « Il y a forcément des responsables, on ne peut pas enlever 116 vies et dire, circulez il n’y a rien à voir. » La veuve, qui dit avoir « fait son deuil » ne fait pas de son statut de victime, « une fin en soi ». Mais elle aimerait par ailleurs davantage de « soutien de l’État ».


« Depuis le départ de Juliette Meadel [secrétaire d’État chargée de l’Aide aux victimes de février 2016 à 10 mai 2017], il faut se battre pour tout », estime-t-elle.

Résilience mais besoin de justice

Aujourd’hui, « la résilience » a opéré. « Bien sûr je n’oublierai pas Frédéric, j’ai passé 25 ans avec lui [ils ont une fille ensemble aujourd’hui âgée de 20 ans ], explique aux médias, l’ex-élue locale et régionale, cadre supérieure de santé à Vendôme,. Mais j’ai un job qui me plaît, je suis bien entourée, très attachée à ma ville. Je réclame simplement justice, pour couper ce fil qui nous lie [à cette tragédie]. »

Un point sur l’avancement de la procédure sera effectué aux familles le 3 octobre 2023 au Palais de justice de Paris.


Hier, lundi 24 juillet 2023, les familles des victimes se sont recueilli dans l’allée des 116-Disparus du vol AH - 5017, au parc de Bercy à Paris. Au cours de ce rassemblement, les familles ont dit leur colère alors que le procès de la compagnie espagnole Swiftair, propriétaire de l'avion et de l'équipage, qui devait avoir lieu en octobre, a été suspendu, le temps que la justice européenne examine des points de droit.


Le vol Ouagadougou-Alger s'était écrasé peu après le décollage dans le nord du Mali, dans la région de Gossi, avec 110 passagers à bord, dont 54 Français , 23 Burkinabè, ainsi que des Libanais, des Algériens et six membres d'équipage, tous espagnols.


Selon le rapport final des enquêteurs français rendu public en Avril 2016, l'accident de l'avion d'Air Algérie, qui avait fait 116 morts le 24 juillet 2014 au Mali, est principalement dû à "la non-activation" par l'équipage du système antigivre.


La tenue du procès dépend maintenant de la décision de la Cour de justice de l'Union européenne. Elle doit dire si Swiftair, qui a bénéficié d'un non-lieu en Espagne, peut être jugé en France. Une procédure qui pourrait prendre deux ans.

La rédaction




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