Deux ans après le drame de Nador-Melilla: des ONG exigent des comptes
- cfda47
- 24 juin 2024
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Dernière mise à jour : il y a 2 jours

Deux ans après la tragédie migratoire survenue à la frontière entre Nador et Melilla, une nouvelle enquête menée par des organisations non gouvernementales remet en question la version officielle des événements. Le 24 juin 2022, une tentative de franchissement massif de la frontière s'est soldée par la mort d'au moins 37 migrants subsahariens, selon les experts de l'ONU.
L'enquête, conduite par Border Forensics, Iridia et l'Association marocaine des droits de l'homme (AMDH), avec le soutien du Centre européen des droits constitutionnels et de l'homme, affirme que ce drame « n'était pas un accident ». Les ONG déclarent que les événements « répondaient plutôt à une véritable stratégie des autorités des deux pays ».
Selon les conclusions de l'enquête, les forces de sécurité marocaines auraient « délibérément permis aux migrants de s'approcher de la frontière et, une fois sur place, les ont dirigés vers le poste frontière, où ils ont ensuite été attaqués par des agents des deux pays ». L'utilisation excessive de gaz lacrymogènes aurait provoqué un climat de panique, entraînant les premiers décès.
Maite Daniela Lo Coco, coordinatrice des migrations chez Iridia, souligne l'importance de cette enquête : « Nous voulons remettre sur la table les demandes de justice des blessés et des familles des disparus qui attendent toujours des réponses ».
Les ONG dénoncent l'impunité qui persiste deux ans après les faits. Elles accusent le Maroc d'avoir utilisé son système judiciaire pour « continuer à réprimer les survivants » plutôt que d'identifier les responsables. Du côté espagnol, le parquet affirme « n'avoir trouvé aucune preuve d'un crime » commis par les forces de sécurité du pays.
Le rapport met en lumière l'utilisation de « matériel anti-émeute non autorisé et de manière non réglementaire ». Des témoignages recueillis font état de conditions insoutenables : « Il était impossible de respirer en raison de la quantité de fumée et des embruns ainsi que de l'utilisation de balles en caoutchouc ».
Les ONG appellent à ce que le Maroc et l'Espagne soient tenus pour responsables et « répondent enfin aux demandes de vérité et de justice des victimes et de leurs familles ». Elles évoquent également la possibilité de poursuites judiciaires contre les deux pays.
Sophie K/ Agences
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