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L’ancien capitaine des Lions de l’Atlas Ouaddou : L'Algérie a une place de choix dans mon coeur


Abdessalam Ouaddou. Photo DR

L'ancien capitaine des Lions de l’Atlas, Abdessalam Ouaddou, a été parmi voir le premier à s'opposer à l'organisation de la Coupe du monde au Qatar pour le non respect des droits de l’Homme et pour les atteintes dont sont victimes les travailleurs étrangers de ce pays, après une dure expérience personnelle qu'il a vécu entre 2010 et 2012, en raison du système de kafala qui a transformé son séjour dans cet émirat en cauchemar.


Aujourd'hui, après la fin de cette coupe du monde 2022, l'ancien international marocain nous livre ses impressions sur la compétition, la participation du Maroc à celle-ci, le football et les droits de l'Homme.


RDSV: Quelles sont vos impressions de la performance de l'équipe marocaine dans cette coupe du monde?

Adessalam Ouaddou: L'équipe nationale du Maroc a réalisé une performance remarquable en allant jusqu'en demi-finale. Une première pour une équipe africaine. Elle a fait preuve de ténacité, de bravoure, de discipline tactique, et également gaieté. Elle a délivré une belle image du Maroc mais aussi du continent et surtout nos mœurs qui nous sont chères en Afrique du Nord, amour et proximité des mamans. Ils ont rendus un amour et reconnaissance extraordinaire pour ce symbole familial. Pour moi c'est le symbole le plus important que je retiendrai au delà de la performance sportive de premier plan. Nous avons quelques part décomplexé ce monde du football bling bling où nous avons l'habitude de voir des défilés de mannequins pour l'authenticité des mamans en foulard et djellaba dans la plus grande compétition au monde. Quel hommage magnifique à ces mamans!


Et que pensez-vous de cette édition de la Coupe du monde en général ?

Tout d'abord ce fût une très belle coupe du monde, et il faut féliciter le Qatar pour ça, également les féliciter pour la sécurité, il y’a zéro problème sécuritaire, ce qui est une prouesse lorsque l'on connaît la violence que peut parfois engendrer le football. Sur le plan de jeu, je dois dire que j'ai été déçu des matchs de groupes car nous sentions qu'il y avait beaucoup de calcule tactique, ce qui ne permettait pas un jeu débridé. Il a fallut attendre les quarts et quelques matchs en huitièmes et surtout la finale extraordinaire pour voir du jeu, car aujourd'hui il faut se rendre à l'évidence, les coachs doivent tenir compte non seulement du public qui vient pour assister un match plaisant tout en alliant l'efficacité et la performance. C'est ma vision du football. Et cette nouvelle génération de coach est sensibilisée lors de sa formation sur cette philosophie. Le football est devenu une industrie de spectacle avec toute une stratégie économique derrière dont l'épicentre reste le match. Le jeu produit ainsi que les bons résultats de l'équipe permettent au club, locomotive de toute une ville de Fédérer la population et de s'identifier aux valeurs transmises par le club. C'est aujourd'hui une sorte de pacte et cohabitation entre les collectivités territoriales et le club de la ville. Le football a pris une dimension sociale extraordinaire. C'est un refuge pour de nombreuses personnes.



Que pensez-vous des critiques du pays organisateur, le Qatar, accusé d'atteinte aux droits de l'homme ?

Justifiées il y a 10 ans sur les conditions d'attributions, le non respect des droits des travailleurs qui ont perdu énormément de vie à cause de nombreux problèmes d'insécurité mais surtout dû à l'épuisement. Le fait aussi que ces gens étaient quelque peu enchaînés ne pouvant rentrer chez eux pour cause du système de kafala. Et non Justifiées dernièrement à 2 mois du début de la coupe du monde. Le Qatar a réussi une très belle coupe du monde en réussissant pendant 10 ans à prendre en compte les critiques pour réformer et aussi résister pour garder les principes de leurs cultures.


Je trouve que c'est une belle résilience, en revanche je crois qu'ils doivent faire encore un effort sur le respect des étrangers asiatiques et africains qui sont parfois considérés comme des sous hommes, ce qui est contraire à nos valeurs islamiques.


Le sport doit-il être complètement séparé de la politique, ou n'est-ce pas possible ?

Les textes de lois de la FIFA interdisent toutes ingérences en théorie, mais en réalité dans les faits et l'organisation hiérarchique des gouvernements des pays, le CIO de chaque pays est une branche de l'Etat dont les fédérations sont normalement sous tutelle. En Afrique en général je trouve que les fédérations ne sont pas toutes bien organisées pour avoir une autonomie financière. Elles ont besoin de l'Etat. Et puis le sport est une vitrine pour chaque Nation. Je trouve qu'il est normal que l'Etat garde un œil sur le fonctionnement démocratique et respect des textes de lois civiles et lois du sport.


Malgré la situation politique entre les deux pays, de nombreux algériens ont soutenu l'équipe marocaine dans cette compétition. Comment le sport peut-il rassembler les peuples ?

Le sport est un vecteur social puissant dans lequel il n'y a que le cœur qui s'exprime, le talent, les émotions. Le football est une sorte de guerre pacifiste où les armes sont remplacées par un ballon, des compétences physiques, tactiques, managériales où l'on défend des valeurs et les couleurs d'un drapeau d'une nation. Et lorsqu'un pays performe, on se rallie à celui qui représente les mêmes spécificités et valeurs que nous. Je ne suis donc pas surpris que ces deux pays et peuples s'aiment profondément. L'Algérie nous a soutenu et nous l’avons soutenu en 2019, il y avait de la joie, des larmes, de l'amour des deux côtés.


Pour ma part L'Algérie a une place de choix dans mon cœur, car c'est le pays où je me reconnais le plus après mon pays, par la culture, les langues, la religion, la gastronomie. Il n'y a aucun doute sur notre fraternité. Je prie Dieu que je sois en vie pour voir de nouveau ces ténors africains marcher ensemble pour un futur glorieux. J'aimerais de mon vivant assister à ça et si cela arrive je veux être invité pour embrasser les dirigeants des deux pays. Et je pourrais m'en aller à tous jamais. InchaAllah


Propos recueillis par Madjid Serrah

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