L'Espagne face à une pression migratoire record: l'Algérie troisième pays de départ
- cfda47
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En 2024, plus de 61 000 migrants irréguliers ont rejoint les côtes espagnoles par voie maritime, établissant un nouveau record qui dépasse de 10,3% celui de 2023. Ce bilan, révélé par un rapport officiel de la division de sécurité intérieure du gouvernement espagnol, place l'Algérie au troisième rang des pays de départ avec plus de 12 000 personnes ayant tenté la traversée.
La Mauritanie domine ce classement avec 25 081 migrants, suivie du Maroc avec 13 217 départs. Derrière l'Algérie, le Sénégal comptabilise 8 970 migrants, la Gambie 1 943 et la Guinée-Bissau 250. Ces données traduisent une géographie migratoire en pleine recomposition.
L'archipel des Canaries a enregistré une hausse de 17,4% des arrivées, mais c'est aux Baléares que l'augmentation frappe par son ampleur : 158,3% d'augmentation. Cette explosion des arrivées pousse les autorités espagnoles à s'interroger sur l'évolution future de ces flux.
La persistance des troubles au Sahel explique en partie cette intensification. Les pays de transit comme l'Algérie et la Mauritanie subissent directement les conséquences de cette instabilité régionale qui pousse les populations vers l'exil.
La route via le Niger a retrouvé son activité, avec Agadez qui s'impose à nouveau comme point de passage stratégique. Cette réactivation replace l'Algérie au centre des parcours migratoires vers l'Espagne et la Méditerranée occidentale.
Parallèlement, la composition des migrants évolue. Les ressortissants des pays du Sahel représentent désormais 72% des arrivants par voie maritime, contre 62% en 2023. Les Marocains et les Algériens ne forment plus la majorité des flux. Les Maliens mènent cette nouvelle vague avec 15 261 personnes, devançant les Sénégalais (11 824).
Une fois arrivés, les migrants du Sahel adoptent différentes stratégies. Nombreux sont ceux qui déposent immédiatement une demande d'asile, tandis que d'autres choisissent de rester dans l'ombre, maintenant leur statut irrégulier. Cette diversité d'approches complique la gestion des flux pour les autorités espagnoles.
La Mauritanie, malgré la pression qu'elle subit, a commencé à renforcer ses contrôles frontaliers. L'efficacité de ces mesures reste à évaluer, mais elles témoignent d'une prise de conscience des enjeux régionaux.
La route maritime depuis l'Algérie exige un tribut humain lourd. L'organisation "Caminando Fronteras" classe ce parcours parmi les plus dangereux de la Méditerranée, juste derrière la route des Canaries en termes de mortalité.
Les chiffres révèlent l'ampleur du drame. En 2022, 464 migrants algériens ont perdu la vie dans 43 naufrages. Sur la période 2018-2022, le bilan atteint environ 1 583 victimes. Ces hommes et ces femmes tentent la traversée depuis les côtes ouest de l'Algérie à bord d'embarcations de fortune.
La tragédie ne s'arrête pas en mer. Des enquêtes judiciaires espagnoles ont mis au jour l'existence d'un réseau impliquant des employés d'instituts de médecine légale et de pompes funèbres. Ces individus profitent de la douleur des familles de disparus algériens.
Les accusations portent sur la falsification de documents, le trafic de photos de corps et la facilitation de procédures illégales. Cette exploitation de la détresse humaine ajoute une dimension particulièrement sordide à une situation déjà dramatique.
Cette crise migratoire révèle les limites des approches purement nationales. Les pays du Maghreb et du Sahel, l'Espagne et l'Union européenne se trouvent confrontés à un phénomène qui traverse les frontières et défie les politiques traditionnelles de contrôle.
Les 61 000 arrivées de 2024 ne représentent pas seulement des statistiques. Elles incarnent autant de parcours individuels, de familles séparées, d'espoirs et de désespoirs qui interrogent les sociétés des deux rives de la Méditerranée occidentale.
Amine B.