Libéré mais sous pression : Mustapha Bendjama brise le silence
- cfda47
- il y a 2 jours
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Après cinq mois d'asphyxie médiatique, le journaliste Mustapha Bendjama retrouve enfin sa voix. Libéré de son contrôle judiciaire depuis deux semaines, il peut à nouveau s'exprimer publiquement. Dans une tribune publiée sur son compte Facebook, il brise le silence qui lui était imposé et révèle l'ampleur du harcèlement dont il fait l'objet de la part des services sécuritaires. Pour ce professionnel des médias, reprendre la parole représente un retour à la vie, tant la liberté d'expression constitue l'essence même de son métier.
Jusqu'au 30 décembre dernier, Bendjama était placé sous contrôle judiciaire avec des restrictions draconiennes. “Depuis le 30 décembre, j'étais interdit de publication sur les réseaux sociaux, dans la presse et sur toute autre plateforme publique — en somme, interdit de parole”, explique-t-il. Cette interdiction s'accompagnait d'une assignation à résidence dans la wilaya d'Annaba, tandis qu'une interdiction de sortie du territoire national demeure toujours en vigueur.
Ces mesures interviennent dans un climat de tensions entre le journaliste et les services de sécurité, tensions qui trouvent leur origine dans les événements de février 2023.
Une plainte qui déclenche les représailles
Le cœur du conflit réside dans une plainte déposée par Bendjama auprès du procureur de la République d'Annaba. Il y dénonce “les mauvais traitements" subis lors de sa garde à vue du 8 au 18 février 2023 dans les locaux de la brigade de recherche de la gendarmerie d'Annaba. Il affirme que:
“Les abus et violations des lois de la République ont été nombreux et graves”,
Cette plainte a été transmise par le procureur général près la cour d'Annaba au procureur du tribunal militaire de la cinquième région militaire de Constantine. Un renvoi qui semble avoir provoqué la colère des responsables sécuritaires visés. Selon Bendjama, cette transmission du dossier a déclenché une véritable campagne de représailles. Il accuse directement le chef de la brigade de recherche de la gendarmerie d'Annaba de chercher à “se protéger, lui et ses éléments, en piétinant les lois et en inventant de toutes pièces des affaires judiciaires” à son encontre.
Le journaliste décrit un système où la justice devient un instrument de vengeance personnelle plutôt qu'un garant des droits fondamentaux. Cette instrumentalisation vise, selon lui, à le faire taire définitivement. Il évoque notamment sa récente garde à vue entre le 30 décembre 2024 et le 3 janvier 2025, période durant laquelle il affirme que le responsable de la brigade “n'a même pas eu le courage de soutenir mon regard”.
Vers la justice internationale en dernier recours
Face à cette pression, Bendjama affiche sa détermination. “Je ne compte pas céder face à ce genre de méthodes ni face à ceux qui les utilisent”, déclare-t-il. Il annonce avoir déjà donné “son accord pour que cette affaire soit portée devant les instances internationales” en cas de nouvel emprisonnement. Cette menace de recours international révèle l'épuisement des voies de recours nationales et pose la question de l'indépendance de la justice algérienne face aux pressions sécuritaires.
Dans sa tribune enfin, le journaliste interpelle directement les plus hautes autorités de l'État. Il “prend à témoin l'opinion publique nationale, la justice de mon pays, le haut commandement de la Gendarmerie nationale, ainsi que les plus hautes autorités de l'État” contre tout acte de représailles.
Bendjama élargit sa critique au-delà de son cas personnel. Il dénonce “le comportement absurde et irresponsable de ceux qui, au lieu de protéger” l'Algérie, “l'exposent — par incompétence ou par volonté délibérée”. Cette charge vise directement un système où les institutions censées protéger les citoyens deviennent leurs oppresseurs.
Amine B.
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