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Migration : L’Algérie face à l’Europe...entre souveraineté et coopération

  • cfda47
  • 26 juin
  • 2 min de lecture

L’évolution de la posture algérienne vis-à-vis des politiques migratoires européennes s’explique par un faisceau de facteurs stratégiques, économiques et géopolitiques. D’après les travaux récents de Sofian Philip Naceur, ce changement marque un tournant dans la manière dont l’Algérie articule sa souveraineté avec les pressions extérieures, notamment européennes.


Pendant longtemps, l’Algérie a adopté une posture discrète, presque distante, à l’égard des politiques migratoires impulsées par l’Union européenne. Refusant de jouer le rôle de « gendarme du Nord » ou de sous-traiter la sécurité frontalière, elle s’était tenue à l’écart des logiques d’externalisation que Bruxelles tente d’imposer à ses voisins du Sud.


Mais depuis quelques années, un virage s’opère. Coopérations bilatérales renforcées, refoulements plus organisés, participation à des forums euro-africains sur la migration : Alger semble vouloir peser davantage dans l’architecture migratoire régionale. Que cache cette réorientation stratégique ?


Une diplomatie migratoire en pleine mutation

Selon le journaliste et chercheur germano-algérien Sofian Philip Naceur, ce changement est moins un alignement sur les politiques européennes qu’une réappropriation des leviers migratoires à des fins politiques. Loin de céder à la pression européenne, l’Algérie affirme sa propre logique : contrôler les flux, préserver sa souveraineté et négocier des contreparties économiques et diplomatiques.


La migration comme outil d’influence

Le Sud algérien accueille depuis des décennies des travailleurs migrants venus du Sahel, en particulier du Niger et du Mali. Ces migrations saisonnières, bien que précaires, nourrissent certains secteurs économiques, notamment la construction. Le gouvernement ferme parfois les yeux, parfois encadre, mais toujours à sa main. Cette gestion ambivalente et sélective devient un levier de négociation avec l’Europe, soucieuse de freiner les départs vers ses rivages.


Une législation en gestation

Autre indicateur du virage en cours : l’élaboration d’une future loi sur l’asile, inspirée du modèle égyptien. Bien que marginalisé dans le processus, le HCR apporte un appui technique pour faire converger ce texte avec les standards internationaux. Ce chantier législatif, s’il aboutit, pourrait marquer une évolution profonde de la politique migratoire algérienne.


Un équilibre délicat

L’Algérie avance sur une ligne de crête. Elle refuse de devenir un simple exécutant de la politique européenne, tout en tirant parti de la coopération sécuritaire et financière que cette dernière propose. Elle se montre ainsi capable de coopérer sans se soumettre, faisant de la migration non plus une menace, mais un instrument stratégique de sa diplomatie.


La rédaction

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