Visas diplomatiques: l'Algérie appliquera “strictement la réciprocité” face à la France
- cfda47
- 19 mai
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L'Algérie a décidé d'appliquer “strictement la réciprocité à la juste mesure du manquement de la partie française à ses obligations et engagements” concernant les visas pour les détenteurs de passeports diplomatiques et de service. Cette annonce, formulée lundi dans un communiqué du ministère des Affaires étrangères, marque une nouvelle étape dans la tension diplomatique entre les deux pays.
Face à ce qu'elle considère comme une violation unilatérale de l'accord de 2013, l'Algérie prend des mesures fermes. Le gouvernement algérien indique qu'il “prend dûment acte de ce qui s'apparente à une suspension de fait de l'Accord de 2013 sans le respect par la France des procédures requises” et en “tire toutes les conséquences”.
Cette position traduit le mécontentement d'Alger face à l'attitude française jugée non-conforme aux usages diplomatiques. L'Algérie souligne par ailleurs qu'elle “n'a aucun intérêt particulier, ni aucun attachement significatif, à l'égard de cet Accord”, signifiant que cette décision n'affecte pas ses priorités diplomatiques.
Un communiqué qui détaille les griefs algériens
Dans son communiqué, le ministère algérien des Affaires étrangères, de la Communauté nationale à l'étranger et des Affaires africaines, explique suivre “avec un grand étonnement les développements intervenus récemment dans la communication française au sujet de la problématique des visas.”
L'Algérie critique particulièrement la méthode employée par Paris pour communiquer sur ce sujet sensible. Le document dénonce “une pratique curieuse et douteuse consistant à organiser grossièrement des fuites à des médias savamment sélectionnés par les services du ministère français de l'Intérieur et de la Direction générale de la police française.”
Cette approche constitue, selon Alger, “un irrespect total pour les usages diplomatiques consacrés" et "une violation, toute aussi totale, des dispositions de l'Accord algéro-français de 2013.”
Des tentatives de dialogue sans succès
Le ministère précise avoir multiplié les démarches pour obtenir des éclaircissements. Le Chargé d'affaires de l'Ambassade de France à Alger a été convoqué à quatre reprises, mais aurait “systématiquement affirmé ne disposer d'aucune instruction du ministère français des Affaires étrangères” et n'aurait pas été “en mesure de répondre aux demandes algériennes formelles de clarification.”
Alger rejette catégoriquement “comme étant foncièrement une inexactitude et une contre-vérité, l'allégation française selon laquelle c'est l'Algérie qui aurait été la première à manquer à ses obligations au titre de l'Accord de 2013”. À contrario, le gouvernement algérien affirme que “c'est la partie française qui porte la responsabilité, pleine et entière, des premières violations de l'Accord de 2013.”
Le communiqué rappelle également l'historique des négociations sur cette question depuis les années 1980. L'Algérie souligne qu'elle “n'a jamais été demandeur” en matière d'exemption de visas pour les passeports diplomatiques et de service.
Selon Alger, c'est la France qui a initialement proposé cette exemption en 1986, puis “par trois fois” dans les années 1990, essuyant d'abord “une fin de non-recevoir franche et sans équivoque” de la part de l'Algérie. Ce n'est qu'en 2007 que l'Algérie a “fini par consentir” à un tel accord, élargi ensuite en 2013 aux passeports de service, “toujours à l'initiative de la partie française.”
Cette mise en perspective historique vise à démontrer que la suspension de cet accord affecterait davantage les intérêts français qu'algériens, justifiant ainsi la décision d'Alger d'appliquer strictement le principe de réciprocité.
Sophie. k
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