A l’UTC, on achève bien les syndicalistes
- cfda47
- 8 juil.
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Haroun Hamadou est un informaticien algérien. Depuis une vingtaine d’années, il travaille au sein de la Société algérienne des tabacs et allumettes (SNTA), puis au sein de United Tobacco Company – utc, société née de la cession des actifs de la compagnie publique au profit d’un partenaire émirati en 2016. Notre informaticien, quinquagénaire, travaillait dans l’unité de Constantine. Constatant l’absence d’une section syndicale, il entreprend, début 2024, d’en créer une avec des collègues. C’est ainsi que commencent ses déboires.
Dans une lettre rendue publique, le salarié raconte son calvaire. Ayant vent de ses démarches pour la création d’une section syndicale UGTA, la direction de UTC a d’abord décidé de le « muter » de force. C’est ainsi que de la salle d’informatique, Haroun Hamadou se retrouve … agent de salle malgré une opération chirurgicale qu’il venait de subir. Entre-temps, une assemblée générale, regroupant 150 salariés, a eu lieu en février 2025 et l’a élu « à l’unanimité » secrétaire général de la section syndicale.
Depuis le mois de mai, la direction de UTC a décidé de licencier son employé, officiellement pour refus de prendre un poste qu’on lui a proposé. En réalité, le licenciement est lié à ses activités syndicales. Nous avons tenté de contacter la direction de l’entreprise, en vain. D’autres salariés qui ont participé à la création de la section syndicale n’ont pas été licenciés, mais ils ont été envoyés travailler parfois à 120 Km de leur domicile. C’est une sanction à peine déguisée.
Cette situation de Haroun Hamadou n’est malheureusement pas un cas isolé. Le taux de syndication dans les entreprises privées algériennes est très bas comparé aux entreprises publiques et surtout à la fonction publique.
De nombreux syndicalistes ont subi les représailles de leurs patrons dès lors qu’ils portent des revendications et les expriment publiquement ou recourent à a grève. Le cas d’une centaine de salariés de Numelog, une filiale du groupe Cévital a défrayé la chronique il y a quelques années lorsque le patron du groupe Issad Rebrab, a préféré payer de lourdes indemnités que de réintégrer les grévistes qui avaient pourtant eu gain de cause en justice. Et si ces salariés avaient la possibilité de médiatiser leur affaire, d’autres souffrent en silence et se retrouvent parfois sans emploi juste parce qu’ils ont revendiqué un droit.
Pourtant, le droit de s’organiser en entreprise est protégé par loi. Le droit de grève, quoique malmené par la dernière révision du Code du travail, est également garanti par la Constitution et les lois du pays. Mais en Algérie, la disponibilité des lois ne garantit pas leur application. Et c’est comme cela dans beaucoup de domaines.
E. Wakli



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