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Abdelkader Khomri : une chute retentissante au cœur d’un scandale politico-financier

  • cfda47
  • il y a 1 jour
  • 3 min de lecture

Une date qui restera gravée dans l’histoire judiciaire algérienne. Abdelkader Khomri, ancien ministre de la Jeunesse et des Sports et ex-directeur général de l’ANEP, a été placé sous mandat de dépôt après son procès en appel devant la Cour d’Alger. Il écope de huit ans de prison ferme pour des faits gravissimes de corruption. Le dossier instruit par le tribunal de Sidi M’hamed révèle une dévastation méthodique des deniers publics à travers des programmes censés promouvoir la jeunesse. Khomri, en association avec plus de 70 coaccusés, a orchestré un système complexe de détournement de fonds, octroi d’avantages indus et blanchiment d’argent.


L’ancien ministre algérien de la Jeunesse et des Sports, Abdelkader Khomri, a été placé sous mandat de dépôt tard dans la soirée du 23 juillet, à l’issue de son procès en appel devant la Cour d’Alger. Condamné à huit ans de prison ferme, il devient l’une des figures majeures rattrapées par la vague judiciaire qui secoue les institutions du pays.


Au cœur de l’affaire : le détournement massif de fonds publics destinés à la création et la gestion de villages de loisirs pour jeunes, un programme initié par l’Agence nationale pour les loisirs des jeunes (ANALJ), alors sous sa tutelle.


Selon les éléments du dossier, plus de 600 milliards de centimes auraient été détournés via des marchés publics attribués sans appel d’offres, surfacturés et confiés à des sociétés écrans. Certaines structures prestataires ont été dissoutes après réception des paiements, laissant derrière elles des chantiers inachevés et des équipements de mauvaise qualité.


Une affaire d'envergure

Pas moins de 70 personnes comparaissaient aux côtés de Khomri, parmi lesquelles des cadres dirigeants de l’ANEP, de l’ANALJ, ainsi que plusieurs chefs d’entreprise impliqués dans ce vaste réseau de corruption. Plusieurs accusés ont écopé de peines allant de deux à cinq ans de prison.


Symbolique d’un tournant judiciaire

Ce jugement s’inscrit dans la poursuite des efforts de l’État algérien pour assainir ses institutions et redonner confiance aux citoyens. L’affaire Khomri, par son ampleur et les fonctions occupées par le principal prévenu, constitue un symbole fort du changement de paradigme judiciaire amorcé depuis la fin de l’ère Bouteflika.


Le phénomène de la corruption en Algérie est souvent décrit comme étant systémique, c’est-à-dire intégré dans le fonctionnement de plusieurs institutions publiques et privées.


Mais est-ce un véritable système politique, ou plutôt une habitude enracinée culturellement ?


Depuis l’indépendance, certains analystes considèrent que la corruption en Algérie n’est pas seulement une déviance ponctuelle, mais un véritable outil de gouvernance. Elle aurait permis de tisser des réseaux de fidélité politique à travers la distribution de privilèges, de neutraliser les oppositions internes en achetant le silence des élites, et de consolider le pouvoir central par des nominations clientélistes.


Dans cette optique, la corruption devient un levier — certes périlleux — pour maintenir l’ordre établi et préserver une stabilité institutionnelle souvent fragilisée.


Parallèlement, une autre lecture sociologique du phénomène suggère que la corruption s’est peu à peu enracinée dans certains comportements sociaux. Elle se manifeste dans des petits arrangements du quotidien, comme le recours à des faveurs administratives ou l’accélération de procédures.


La banalisation de la pratique, conjuguée à l’idée répandue que “tout le monde le fait”, contribue à entretenir un climat d’impunité. Ce manque de confiance dans les institutions pousse ainsi de nombreux citoyens à contourner les règles, alimentant un cercle vicieux difficile à briser. Pour endiguer ce phénomène, des réformes en profondeur, notamment en matière de gouvernance et d’éducation civique, apparaissent désormais indispensables.


La rédaction




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