Frantz Fanon, 100 ans d’une pensée toujours en révolte
- cfda47
- 23 juil.
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Le 20 juillet 2025 marque le centenaire de la naissance de Frantz Fanon, psychiatre, écrivain et militant anticolonialiste né en Martinique. Mort à seulement 36 ans, il laisse une œuvre fulgurante qui continue d’éclairer les luttes contre le racisme, le colonialisme et l’aliénation. Un siècle plus tard, ses écrits résonnent avec une intensité troublante dans un monde encore traversé par les héritages du colonialisme.
L’intellectuel anticolonialiste Frantz Fanon aurait eu 100 ans ce mois-ci. Son œuvre est célébrée comme plus actuelle que jamais, notamment pour sa critique du racisme et du colonialisme.
Une pensée née dans la douleur du racisme
Fanon grandit dans une Martinique coloniale, où il est confronté dès l’enfance à la violence symbolique du racisme. Cette expérience forge sa quête intellectuelle : comprendre ce que signifie être noir dans un monde qui assigne les corps à leur couleur. Il s’oriente vers la psychiatrie, espérant explorer les effets psychiques de l’oppression coloniale.
Son premier ouvrage, Peau noire, masques blancs (1952), est une plongée dans les mécanismes de l’aliénation raciale. Il y analyse comment les colonisés intériorisent les discours de stigmatisation, jusqu’à mépriser leur propre culture et vouloir ressembler au colonisateur.
Le psychiatre révolutionnaire
De 1953 à 1956, Fanon exerce à l’hôpital psychiatrique de Blida-Joinville, en Algérie. Il y découvre un système médical gangrené par les thèses racistes de l’école psychiatrique coloniale. Il s’oppose à ces pratiques brutales et introduit des méthodes humanistes inspirées de la psychothérapie institutionnelle.
Mais Fanon ne sépare jamais médecine et politique. Pour lui, les troubles mentaux des colonisés sont les symptômes d’une société malade. Il affirme que l’hôpital est aussi malade que ses patients, et que la guérison passe par la transformation des structures sociales.
L’engagement anticolonial
Fanon rejoint le Front de libération nationale (FLN) et devient un acteur de la lutte pour l’indépendance de l’Algérie. Dans Les Damnés de la Terre (1961), il théorise la décolonisation comme un processus violent mais nécessaire, capable de restaurer la dignité des peuples opprimés.
Il y dénonce les pièges du nationalisme bourgeois et appelle à une révolution totale, politique, sociale et psychique. Sa pensée influence les mouvements de libération en Afrique, en Amérique latine et aux États-Unis, notamment les Black Panthers.
Un héritage vivant
En 2025, Fanon est célébré à travers le monde. En Martinique, des colloques, pièces de théâtre et rencontres avec des collégiens ravivent son héritage. En Algérie, son nom orne des hôpitaux, des lycées et des boulevards. Des films comme celui d’Abdenour Zahzah retracent son parcours et sa pensée.
Sa critique du racisme systémique, de l’aliénation culturelle et de la violence coloniale reste d’une brûlante actualité. Comme le dit son fils Olivier Fanon : « Fanon a 100 ans tous les jours. On ne peut pas lire Peau noire, masques blancs et passer à autre chose ».
Pourquoi Fanon nous parle encore ?
Frantz Fanon nous parle encore parce qu’il révèle que le racisme n’est pas une simple hostilité individuelle, mais une structure enracinée qui façonne les imaginaires, les discours et les institutions. Il relie le vécu intime des personnes opprimées aux luttes collectives pour la liberté, montrant que la libération passe par une transformation profonde de soi et du monde.
Refusant les identités figées imposées par le colonialisme, Fanon appelle à une reconstruction de l’humain sur des bases universelles et solidaires. Plus qu’un penseur du passé, il est un éveilleur de conscience, une voix radicale qui refuse la résignation. À 100 ans, ses mots n’ont rien perdu de leur force : ils sont toujours là pour nous secouer, nous inspirer, et nous pousser à bâtir un monde plus juste.
Nadia B



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