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Algérie : les femmes deviennent majoritaires dans l'émigration, du jamais-vu

  • cfda47
  • il y a 7 heures
  • 2 min de lecture
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Elles sont désormais plus nombreuses que les hommes à quitter le pays. Une première historique qui inverse des décennies de tradition migratoire et place l'Algérie à contre-courant des tendances mondiales.  


Pour la première fois, les femmes représentent plus de la moitié des émigrés algériens à l'étranger. Un basculement inédit qui bouscule l'image traditionnellement masculine de l'expatriation algérienne et place le pays dans un groupe restreint de nations où les femmes migrent autant, voire plus, que les hommes.  


Les chiffres publiés par l'UNDESA (la division de l'ONU chargée des statistiques migratoires) en 2025 marquent une rupture nette : le ratio femmes-hommes dans l'émigration algérienne atteint 1,02 en 2024. Autrement dit, il y a désormais légèrement plus de femmes algériennes installées à l'étranger que d'hommes. C'est une première dans l'histoire du pays.  


Ce renversement contraste avec la tendance mondiale, où la proportion de femmes dans les migrations internationales recule depuis trois décennies. Le ratio mondial passe de 0,98 en 1990 à 0,92 en 2024. En Afrique du Nord, région traditionnellement marquée par une émigration très masculine, le ratio moyen stagne à 0,69, loin de la parité. L'Algérie fait donc figure d'exception régionale.  


L'analyse du sociologue Mohamed Saib Musette montre que cette inversion s'est opérée progressivement. Jusqu'en 2010, les hommes dominaient largement les flux migratoires algériens. Puis la tendance s'est inversée : en 2020, la parité était atteinte, avant que les femmes ne prennent l'avantage. Ce phénomène de "féminisation croissante" avait été identifié dès les années 2010 par des chercheurs comme Hocine Labdelaoui, mais la bascule est désormais consommée.  


Avec ce ratio de 1,02, l'Algérie rejoint un groupe hétéroclite de pays où les femmes migrent autant ou plus que les hommes : Cuba, l'Espagne, la Serbie ou l'Ouganda. Cette configuration reste rare à l'échelle mondiale.  


Reste une question en suspens : pourquoi ce basculement ? Musette pointe un vide théorique. Malgré l'existence d'une trentaine de théories sur les migrations internationales, rares sont celles qui intègrent réellement la dimension du genre. Les études féministes se sont longtemps concentrées sur les discriminations au travail plutôt que sur la dynamique globale des départs. Les raisons de cette montée en puissance des femmes dans l'émigration algérienne restent donc à explorer en profondeur.  


Ce qui est sûr, c'est que le visage de l'émigration algérienne a changé. Et cette évolution interroge autant les logiques économiques et sociales du départ que les politiques d'accueil des pays de destination.  

 

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Sophie K.  


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