top of page

Affaire de Cocaïne d'Oran: le lanceur d’alerte Noureddine Tounsi convoqué comme témoin

  • cfda47
  • il y a 3 heures
  • 3 min de lecture

« Je suis fier d'être sur la terre des hommes libres, la terre des martyrs, la terre des moudjahidines, la terre de la nation algérienne ». C'est par ces mots forts que Noureddine Tounsi a introduit sa vidéo publiée hier sur les réseaux, annonçant sa convocation comme témoin dans une affaire criminelle qui a secoué l'Algérie.


Le 15 juin prochain marquera un tournant dans l'affaire de cocaïne du port d'Oran. Le 29 mai 2018, 701 kilogrammes de cocaïne avaient été officiellement saisis, ouvrant une enquête qui trouve aujourd'hui son prolongement judiciaire. Tounsi, ancien cadre au port d'Oran et reconnu comme un lanceur d'alerte sur la corruption, a été officiellement convoqué par la justice le 7 avril 2025 pour témoigner.


Déterminé à faire toute la lumière sur cette affaire, Tounsi explique sa démarche : « J'ai personnellement voulu que cette affaire soit traitée », explique-t-il, « c'est pourquoi j'ai décidé de faire cette diffusion en direct pour que le Ministre de la Justice soit informé, que le public soit informé, et surtout que l'opinion publique soit au courant ».


En effet, sa convocation intervient après des années de silence et de pressions. Pour lui, ce procès représente l'aboutissement d'un long combat citoyen : « Le peuple algérien a fait son devoir dans l'une des affaires les plus sensibles et les plus dangereuses ».


Les détails de ses interactions avec les services de sécurité nationale sont particulièrement révélateurs. Il rapporte avoir été contacté par les Renseignements Généraux de la Sécurité Nationale, qui lui auraient imposé des conditions strictes de silence. « Par Allah, pourquoi ne puis-je pas parler ? », s'interroge-t-il, dénonçant une tentative d'intimidation.


Les pressions subies sont devenues plus explicites. Sa version des événements révèle une détention de quatre jours en 2018 : « Ils m'ont fait disparaître pendant quatre jours ». Selon ses dires, on lui a signifié de garder le silence : « Ils m'ont dit de ne pas parler, de ne pas demander pardon ».


Face à ces intimidations, Tounsi choisit aujourd'hui de lever le voile. Un point crucial de son témoignage concerne la protection des témoins. Il interpelle directement le système judiciaire : « Quelle protection allez-vous offrir au témoin qui se tient devant la justice ? Quelle protection lui fournirez-vous avant le procès, le jour du procès et après le procès ? »


Sans détour, il dénonce ce qu'il présente comme du chantage et de la trahison : « Le même service m'a montré du chantage sans raison, de la trahison sans raison ». Il se présente comme celui qui a brisé le silence face à la corruption.


Sa perspective transcende le cadre judiciaire et s'inscrit dans une dynamique de transformation profonde. « Ma révolution personnelle a commencé il y a 9 ans, et je n'en ai toujours pas bénéficié », déclare-t-il. Conscient des risques, il ajoute : « Je parle depuis ma maison et je suis conscient du danger de témoigner, même devant la justice algérienne ».


Le tribunal de Dar El Beïda, dans la capitale, accueillera ce procès qui promet d'être crucial. Pour Tounsi, il ne s'agit pas simplement de comparaître, mais de porter une parole citoyenne : « C'est une affaire de grande importance ».


Ainsi, son témoignage s'annonce comme un moment fort, où un lanceur d'alerte viendra éclairer les zones d'ombre d'une affaire de trafic de drogue qui a marqué l'histoire judiciaire algérienne. La convocation de Tounsi symbolise la volonté de faire toute la lumière sur cette affaire qui sommeillait depuis 2018.


Sophie K

 


Comments


bottom of page