Alger: ils étaient des milliers à être arrêtés et disparus depuis
- cfda47
- 15 févr. 2024
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Dernière mise à jour : 5 avr. 2024

Au nom de la lutte contre le terrorisme et la subvention, les services de sécurité de l’Etat ont fait disparaitre des milliers de personnes en Algérie entre 1990 et 2000.
Ponctuelles jusqu’en 1992, les disparitions forcées sont devenues de plus en plus fréquentes à partir de 1993. En 1994, elles se sont généralisées. Entre Mars 1994 et Septembre 1995, plus de 100 individus arrêtés par les agents de l’Etat disparaissent chaque mois!
Apres les élections présidentielles organisées en Novembre 1995, les disparitions forcées ont commencé à diminuer en 1996. Elle sont devenues de moins en moins fréquentes à partir de 1997.
HAKIM CHERGUIT, 27 ANS, MECANICIEN, KOUBA (ALGER):
Hakim a été arrêté le 31 Décembre 1993, vers 1 heure du matin, à son domicile à KOUBA. Plusieurs policiers de la brigade anti-terroriste en uniforme, le visage dissimulé derrière un passe montagne d'où on ne voyait que les yeux, sont arrivés à bord de véhicules officiels et ont encerclé la maison de la famille CHERGUIT.
Les ninjas étaient accompagnés de gendarmes en tenue officielle qui sont restés à l’extérieur. Certains policiers ont sonnés à la porte tandis que d’autres ont escaladé le mur de la maison pour entrer dans la cour.
Madame CHERGUIT s’est levée et a demandé qui était là. Les hommes lui ont déclaré être des policiers et qu’ils cherchaient Hakim, l’un de ses fils. Plus d’une vingtaine de policiers se sont engouffrés dans la maison. Hakim, réveillé par le vacarme fait par les policiers, s’était levé et avait commencé à s’habiller.
Les policiers ont fait irruption dans sa chambre et l’ont frappé puis menotté sans donner aucune explication. Les policiers ont ensuite masqué le visage de Hakim avec son pull, puis l’ont trainé à l’extérieur et embarqué de force dans le coffre d’une de leurs voitures, une Nissan blanche.
Lorsque sa mère a voulu savoir pourquoi ils emmenaient Hakim, il lui a été répondu que c’était juste pour l’interroger et qu’ensuite il serait relâché. 23 ans après, Mme CHERGUIT attend toujours.
KOUBA est l’une des quatre communes de la Daïra d’Hussein Dey (ALGER) ou la police judiciaire est impliquée dans l’arrestation de plus de la moitié des disparus (64 cas sur 116).
Plusieurs commissaires se sont succédés à la tête de la sureté de la Daïra d’Hussein Dey dont le siège était installé au commissariat du 14 eme arrondissement.
L’un d’eux , un dénommé Abd El Malek a mené l’arrestation, le 25 Mars 1995, d’Abderahmane BENTAHA, à Kouba. Le beau-frère d’Abderahmane, R.B , témoin de l’arrestation, était un policier du commissariat de Bab Ezzouar qui connaissait le commissaire Abd El Malek.
Les policiers du commissariat du 14 eme arrondissement, étaient connus des habitants des communes d’Hussein Dey , de Kouba et des communes avoisinantes. Officiant en civil, ils ont été impliqués dans l’arrestation de nombreux disparus.
MOURAD BELFEGOUNE, 24 ANS, KOUBA (ALGER).
Mourad, 24 ans, a été arrêté le 26 Octobre 1996 à Kouba. Il était avec son père devant le kiosque ou tous deux travaillaient, quand 04 policiers, en civil et armés, sont arrivés à leur niveau, à bord de deux véhicules Renault 21 gris et Peugeot 205 blanc. Très rapidement, les agents ont menotté Mourad et l’ont embarqué dans une de leurs voitures en l’insultant.
Ces agents étaient bien connus des gens du quartier.
FARID MECHANI, HUSSEIN DEY (ALGER):
Le 16 Mai 1993, le jeune Farid a été arrêté à Hussein Dey alors qu’il rentrait chez lui après avoir fait une course. Il a été interpellé dans la rue, prés de son domicile, par 6 policiers en civil arrivés en trombe à bord de deux véhicules, une Peugeot 205 et un fourgon Peugeot de type J5.
Ces policiers se sont présentés comme des agents de la sureté de Daïra d’Hussein Dey agissant sur ordre du commissaire divisionnaire R.G et du commissaire D.F. Sans présenter de mondât d’arrêt, ils ont embarqué Farid MECHANI avec violence dans le fourgon en présence de sa mère et de voisins. Les habitants des quartiers connaissaient les policiers des commissariats alentours parfois réputés pour leur cruauté et la terreur qu’ils semaient dans les environs.
Ainsi , à de fréquentes reprises, les témoins ont pu identifier à quel commissariat appartenaient les policiers auteurs des arrestations arbitraires et de la détention des disparus. Ils connaissaient même régulièrement leurs noms. Les mêmes noms d’agents et de commissariats reviennent de manière récurrente dans les témoignages.
SOURCES:
- Les disparitions forcées en Algérie: un crime contre l’humanité 1990-2000 (partie I. Les agents de l’Etat auteurs des disparitions forcées, page 34).
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