“Cette grève de la faim ne finira qu'après ma mort”: le cri désespéré de Noureddine Tounsi
- cfda47
- 23 mars
- 2 min de lecture

Le combat de Noureddine Tounsi contre l'injustice a pris un virage dramatique. Dans une vidéo publiée sur Facebook ce samedi 22 mars, l'ancien cadre à la direction du port d'Oran apparaît considérablement affaibli après plus de quatre jours de grève de la faim. Son message résonne comme un ultime appel au secours, empreint d'une détermination désespérée.
“Je suis fatigué d'attendre”, déclare-t-il d'emblée. Plus d'un an après avoir été innocenté et libéré d'une détention de 13 mois qu'il qualifie d'arbitraire, ses droits fondamentaux - réintégration professionnelle et renouvellement de passeport - demeurent lettre morte. La vidéo révèle également les profondes cicatrices psychologiques laissées par son incarcération, qui l'ont conduit jusqu'à des pensées suicidaires durant sa détention.
Une justice à deux vitesses face à la détermination d'un homme :
Au cœur de son témoignage, Tounsi dénonce un système judiciaire algérien à géométrie variable. Il pointe l'incohérence flagrante d'une justice qui laisse en liberté des personnes condamnées à des peines d'emprisonnement ferme pour les mêmes faits qu'il a dénoncés. Certains accusés bénéficient de congés maladie stratégiques avec des salaires atteignant 280 000 dinars, d'autres condamnés à deux ans de prison ferme jouissent d'une retraite confortable évaluée à 100 millions de dinars.
Plus révoltant encore selon lui : plusieurs directeurs ont été simplement écartés du port sans jamais être poursuivis ni condamnés, tandis que des personnes condamnées circulent librement. Face à cette application sélective de la justice, Tounsi demande simplement l'équité de traitement.
Un lanceur d'alerte transformé en symbole d'une lutte systémique :
En effet, le parcours judiciaire de Tounsi illustre parfaitement les risques encourus par ceux qui osent dénoncer la corruption en Algérie. Après une première détention en 2020-2021, il a été à nouveau arrêté en février 2023 pour des accusations identiques, avant d'être finalement innocenté par la Cour d'Alger qui a prononcé l'extinction des poursuites. Malgré cette décision de justice, la direction du port d'Oran s'obstine à lui refuser toute réintégration.
Dans son message, Tounsi transcende son combat individuel pour embrasser la cause collective des lanceurs d'alerte algériens, souvent condamnés soit à l'emprisonnement, soit à des licenciements injustifiés. Il exprime particulièrement sa solidarité envers ses homologues d'autres infrastructures portuaires du pays, victimes selon lui d'une marginalisation systématique et de représailles professionnelles.
Malgré des problèmes de santé préexistants affectant sa prostate et ses reins, sa détermination reste inébranlable : “Cette grève de la faim ne finira qu'après ma mort”, affirme-t-il avec une gravité qui glace le sang. Son état physique se détériore rapidement, mais sa résolution ne faiblit pas. “Je n'abandonnerai jamais ce combat, quelles que soient les conséquences”, insiste-t-il, alors que son organisme montre déjà des signes inquiétants de défaillance.
“Si ma vie doit être le prix à payer pour que la vérité éclate et que justice soit rendue, alors je suis prêt à consentir ce sacrifice”, conclut le lanceur d'alerte, incarnant dans sa détermination désespérée le combat de nombreux défenseurs des droits et de l'intérêt public en Algérie.
Sophie K
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